La "pratique" regroupe différents "entraînements" et "exercices spirituels" que les disciples du Bouddha mettent en oeuvre pour vérifier, par leur propre expérience personnelle, la véracité des enseignements et leur efficacité, en vue de progresser sur la voie spirituelle et d'atteindre ainsi son but : l'Eveil et la Libération.

En quoi consiste la pratique ?

La pratique se définit comme un ensemble de moyens mis à la disposition des disciples pour faciliter et rendre possible l’expérience directe et individuelle de la Réalité. Chacun est invité à en vérifier l’efficacité par lui-même mais, s’il est mis à la disposition de tous, il n’est efficace que s’il est mis en pratique et cette vérification n’est possible que dans la mesure où le disciple s’engage lui-même individuellement, qu’il dispose ou développe les capacités requises et qu’il suit strictement et fidèlement la méthode proposée.
  
L’Octuple Noble Sentier

Exposée dans la Quatrième Noble Vérité, la Voie - ou Chemin - se présente en huit catégories (Octuple Noble Sentier), regroupées sous trois rubriques : sîla, la conduite éthique, samâdhi, la discipline de l’esprit, et prajñâ, la sagesse « intuitive » (pour la distinguer de la sagesse intellectuelle).

  • Sîla permet d’agir dans le domaine du samsâra, de réduire le karma« négatif » et de développer le karma « positif », afin de créer un environnement favorable à la pratique, la sienne et celle des autres. Elle comprend trois catégories : parole juste, action juste et moyens d’existence justes.
  • Samâdhi permet à chacun, individuellement, de calmer l’esprit, de connaître et de maîtriser son fonctionnement et ses « pouvoirs ». Il comprend l’effort juste, l’attention juste et la concentration (ou recueillement) juste. C'est ce qu'on appelle généralement, en Occident, la "méditation".
  • Prajñâ est l’accès à la réalité ultime, et son développement augmente d’autant que l’attachement diminue. Elle est issue de l’écoute, de la réflexion personnelle et de la mise en pratique des enseignements. Elle consiste en pensée juste et compréhension juste.

La base de la pratique est donc la discipline. Elle porte sur le comportement extérieur, les actions physiques et verbales, mais aussi la pensée intérieure et, donc, participe directement à l'entraînement à la méditation. Et la méditation, à son tour, soutient la discipline... 
Les deux sont elles-mêmes soutenues par leur motivation commune. Une pratique équilibrée et correctement motivée se fonde sur certaines convictions - qui peuvent résulter de tendances "innées" ou de réflexions nourries par l'étude - et sur des instructions demandées et reçues au cours d'un enseignement suivi avec un maître.
Ainsi, les différents aspects de l'Octuple Chemin se nourrissent mutuellement et la pratique se doit de les appliquer tous en même temps...

La méditation - ou plutôt "l'entraînement de l'esprit", au sens propre du terme - consiste à placer l'esprit dans un état d'équilibre entre détente et attention, sans agitation et sans fixation.
On entend par méditation, aussi, différentes techniques aptes à favoriser un tel état :
- méditations réflexives : pour développer une pensée juste, préalable à la méditation
- méditations formelles : représentations mentales qui permettent le dépassement de la personnalité habituelle et développent les qualités de l'esprit éveillé
- méditations sans référence : accès direct à la nature de l'esprit et des phénomènes

Est-il nécessaire d'avoir un guide ou un maître ?

La nécessité d'un guide spirituel est une caractéristique constante dans toutes les écoles bouddhistes. D'une façon générale, dans le domaine spirituel, il vaut d'ailleurs mieux se méfier de "l'autodicactisme" qui risque fort d'être un "egodidactisme" !
Le guide, représentant de la tradition, assure la transmission des enseignements théoriques et des instructions pratiques, assiste et conseille dans les choix parfois difficiles, constitue une source d'inspiration et une référence fiable. Il est nécessaire de vérifier que la compréhension des enseignements est correcte et complète, non déformée ou partielle à cause des tendances personnelles. Le guide, référence neutre et compétente, en est le garant.
D'un point de vue plus profond, il transmet l'expérience et l'exemple du succès de l'application de l'enseignement. Lors d'une pratique méditative véritable, l'esprit passe par des expériences inhabituelles qu'il faut savoir reconnaître et bien gérer. Le guide assiste dans ce travail délicat de reconnaissance de ce qui est authentique et de ce qui ne l'est pas. Dans certaines écoles (les écoles Vajrayâna, les écoles Zen et bien d'autres), la relation au maître constitue la colonne vertébrale de la pratique et la clef de son succès.

Comment trouver un guide

On dit que "lorsque le disciple est prêt, le maître se présente" ! Nous pouvons cependant faciliter cette rencontre par notre présence lors d'événements comme les enseignements publics et les programmes de méditation qui sont proposés par de nombreuses écoles présentes en France. La lecture d'ouvrages sur le Dharma constitue aussi une bonne source d'information et d'inspiration, qui peut nous faire savoir où et comment rencontrer celui ou celle qui pourrait devenir notre maître.

Pour reconnaître un maître "authentique", le Dharma donne des repères utiles, qui peuvent se résumer ainsi :

- le rattachement à une tradition authentique
- la transmission non-déformée de l'enseignement
- la compétence et l'expérience dans tous les domaines de son enseignement
- une motivation purement altruiste
- un comportement et un mode de vie en harmonie avec son enseignement
- la compatibilité entre son enseignement et les possibilités de ses disciples

En pratique : le seul repère facilement vérifiable, au début, est l'appartenance du maître à une lignée de transmission, ce qui permet d'éviter que le maître soit lui-même un autodidacte.
En tout cas, la juste relation maître-disciple devrait être fondé sur le libre-choix, mûri après un temps raisonnablement long de connaissance réciproque, et formalisé par une requête et l'acceptation de celle-ci.