L'une des tâches essentielles d'un temple bouddhiste consiste à chanter des sūtra dans le cadre de la pratique quotidienne. Deux religieux japonais, le bonze Kanho Yakushiji et la religieuse Satoshi Yamamoto, ont choisi une approche originale pour promouvoir le bouddhisme auprès des jeunes en combinant des sūtra bouddhiques avec des arrangements musicaux modernes. Ils ont formé le groupe « Kissaquo » en 2003 et, depuis, se produisent dans des temples et de petits clubs et ont sorti plusieurs albums, disponibles sur des plateformes de partage de musique en ligne. Parmi les plus populaires, le « Sūtra du Cœur », l’un des sūtra les plus connus du bouddhisme mahāyāna...

Kanho Yakushiji temple Seiganji Kyoto 2017Bien qu’originaire d'une famille responsable de temple, Yakushiji était réticent à suivre les traces de son père en tant que religieux zen. « Je ne voulais pas être un bonze », a déclaré Yakushiji à la chaîne publique japonaise NHK. « J'avais du mal à trouver autre chose et, finalement, ce fut la musique ». Après avoir sorti quelques albums, insatisfait de sa renommée croissante, il reprend une formation religieuse pour devenir bonze à part entière. Au cours de son entraînement de deux ans, Yakushiji a réalisé que le « Sūtra du cœur » était un texte extraordinaire : « Pour moi, le ‘’Sūtra du cœur’’ représente la connexion humaine, a-t-il expliqué. Nous existons parce que d'autres personnes sont connectées à nous. »
Cependant, le bonze chanteur s'est rendu compte que le « Sūtra du Cœur » était difficile à comprendre pour de nombreuses personnes. À titre expérimental, Yakushiji a combiné le sūtra avec de la musique moderne pour le rendre plus accessible au public. Partagé en ligne sur les réseaux soiaux, par l’un de ses « fans », l’enregistrement de cette interprétation aurait reçu près de 2 millions de visites et de nombreux commentaires, convainquant les organisateurs d’un festival de musique chinois de l’inviter à se produire en Chine.

Avec Yamamato, Yakushiji a joué au Seigan-ji, un temple situé dans le centre de Kyoto, en juin 2017. Les deux religieux ont chanté 14 ‘’chansons’’ lors d'un concert de deux heures, Yakushiji interagissant avec le public entre les chansons. « J'avais des cheveux plus longs, a plaisanté le bonze à propos de sa tête rasée. La tenue de religieux est confortable pour jouer de la guitare, mais cela donne chaud ! »
À la fin du spectacle, un fan de « Kissaquo » a fait observer que c'était la première fois qu'il assistait à un concert de musique dans un temple et que le spectacle lui avait donné une image plus positive des temples bouddhistes.
Pour Yakushiji, les salles de temple, avec leurs hauts plafonds, offrent une excellente acoustique pour les performances musicales. Ajouté à cela, le fait que le public soit assis sur des coussins « zafuton » contribue au sentiment d’assister à un événement religieux, en aidant à créer une ambiance calme et respectueuse. Ce type de concert permet aussi au public de rencontrer d’autres amateurs de musique : « Je veux que les gens apprécient de rencontrer ceux qu’ils ne connaîtraient pas autrement », a-t-il ajouté.

Idol Bosatsu en concertUne autre religieuse, connue sous le nom de scène Idol-bosatsu, s’est donné pour mission d'attirer les jeunes au bouddhisme en chantant des airs techno-pop conçus par des auteurs-compositeurs professionnels. Petite fille, Idol-bosatsu rêvait d'être une pop-star et, avec le soutien de son père, également chef d'un temple, elle a réussi à faire revenir des jeunes gens au temple. Après avoir atteint son objectif initial d’attirer l'attention du public, Idol-bosatsu a exprimé le désir d'avoir un nom de scène bouddhiste approprié. « Je veux m'efforcer de faire le bien en tant que tel », a-t-elle déclaré à la revue Nikkei en 2017, ajoutant que, grâce à ses concerts, de plus en plus de jeunes venaient au temple pour discuter du bouddhisme et de leurs problèmes quotidiens.

Le révérend Tadato Wakabayashi, un bonze qui publie un magazine bouddhiste, a fait l'éloge de ces concerts qu’il considère comme un moyen valable pour susciter davantage d'intérêt envers le bouddhisme. Il a salué les initiatives musicales des jeunes artistes religieux en déclarant : « J'espère que les efforts de ces jeunes religieux pourront aider les gens à se sentir plus proches du bouddhisme. »

Source : Buddhistdoor, article de Jnan (24/09/2018)
crédit photo : photo (1) de Tetsuo Oshiro - nikkei.com ; photo (2) - twitter.com