Les rapports - relations, similitudes, oppositions... - entre le bouddhisme et le christianisme, comme entre le Buddha et le Christ, restent toujours d'actualité !
Outre l'Atelier proposé à l'IEB sur la "double appartenance" (animé par Eric Vinson du 15 octobre 2012 au 14 janvier 2013), on peut évoquer la réédition du livre historique du Cardinal de Lubac sur les "Aspects du bouddhisme", ou remarquer la conférence inaugurale que l'Institut supérieur de Théologie de Nice Sophia-Antipolis demandait à Dennis Gira sur le thème : "Jésus et/ou Bouddha ? Le bouddhisme est-il une alternative au christianisme"...
Parmi les sujets abordés dans le cadre du "dialogue bouddhisme-christianisme", la place du corps dans la pratique et ses relations avec l'esprit occupe une place de choix. On a souvent évoqué le fait que les chrétiens auraient "re-découvert" le corps, dans leur propres pratiques spirituelles, sous l'influence des "spiritualités orientales", et notamment du bouddhisme - la "méditation à la manière du Zen" ayant désormais sa place dans certains monastères chrétiens...
Pour évoquer ce thème - et coller à l'actualité de rentrée de l'Institut d'Etudes Bouddhiques - nous vous proposons de découvrir deux interventions consacrées à ce sujet, diffusées sur le site des éditions Bayard : "Croire.com". Dans une première intervention, intitulée "La tête et les jambes", le père dominicain Thierry-Marie Courau (Doyen de la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris) évoque son "expérience d'entraînement de l'esprit" dans un centre bouddhiste américain - expérience vécue lors d'un "tour du monde" bouddhiste qui a duré un an et lui a permis d'être initié aux différentes formes de "méditation" pratiquées par les bouddhistes du Theravâda, du Zen et du bouddhisme tibétain. Dans une autre intervention, intitulée "Redécouvrir l'unité "corps-âme-Esprit" par la double-appartenance chrétien-bouddhiste", notre collègue Eric Vinson explique la place qu'occupent le corps et le "symbolique" sur la voie spirituelle, tant en bouddhisme qu'en christianisme.


La tête et les jambes :
une expérience d'entraînement de l'esprit

Père Thierry-Marie Courau o.p.

Mon propos est de vous faire part de l'expérience d'un mois de pratique de samatha - vipasyana, dans un centre bouddhique américain de la tradition Shambala.
Cette expérience a fait partie d'un voyage d'un an en terres bouddhiques que j'ai entrepris après l'écriture d'un travail doctoral sur les textes d'un maître indien du "Grand Véhicule", Kamalasila (~740-795), concernant la pratique du chemin progressif vers l'éveil, c'est-à-dire vers la libération. Ils s'intitulent "Les trois successions des exercices" (Bhavanakrama). Il s'agissait pour moi de la première pratique sérieuse de l'assise attentive et de ses dérivés dans les activités quotidiennes.

Le centre Karmê Chöling, au coeur des montagnes du Vermont, est le premier site du bouddhisme tibétain en Amérique du Nord, fondé en 1975 par un maître tibétain, Chögyam Trungpa. Ce personnage, exilé du Tibet, est sans doute le premier à avoir tenté une véritable inculturation du bouddhisme tibétain en Occident. Ayant suivi des études à Oxford et ayant épousé, en secondes noces, une jeune anglaise, il a vite compris le besoin de consumérisme spirituel des années 68. Des hippies sont venus à lui, qu'il a pris en main et en a fait de véritables pratiquants bouddhistes ou des humains debout. A voir les personnes rencontrées lors de ce séjour, ceci a l'air d'avoir marché. Cet homme, très original et controversé à l'intérieur du bouddhisme tibétain en particulier, s'est attaché à transmettre la tradition dont il était le détenteur en l'adaptant à l'intelligence occidentale sans faire toutefois de compromis. A la fois, sous sa forme bouddhique, et sous une forme universelle, non religieuse. Ceci a donné l'institution Shambala.

Après une première estimation - par l'étude et par le dialogue avec des amis bouddhistes quant au choix du type d'activité, du lieu et de l'enseignant -, de la possibilité pour moi d'entrer dans cette pratique sans incohérence avec ce que je suis, mon objectif fut de me laisser faire, de me mettre à l'écoute de leur proposition de pratique sans m'autoriser à prendre la tangente, la fuite.
La retraite à laquelle j'ai participé, appelée un "Dathün", c'est-à-dire un mois de pratique, est un "produit" rodé depuis près de trente ans. Il a pour objet d'une part, de donner au nouveau pratiquant les bases fondamentales à partir desquelles il va pouvoir développer sa pratique quotidienne, d'autre part, de donner la possibilité au pratiquant régulier, déjà expérimenté, de vivre un mois intense d'approfondissement avec le support d'un groupe et d'un enseignant.
Le meneur de la session à laquelle je participais est un des disciples de Trungpa parmi les plus anciens et les plus reconnus. Il enseigne cette retraite depuis les débuts de Shambala. Je me trouvais donc comme à la source de cette tradition. Simple, et austère, il savait parfaitement quel chemin il voulait faire emprunter à ses étudiants. J'ai vraiment admiré son habileté à détruire tous les appuis que nous pouvions chercher à édifier, jour après jour.
Le contenu de la session est assez simple. Pour résumer nous pourrions dire qu'il s'agit de passer un maximum de temps dans la pleine attention à ce que l'on fait, que cela soit pendant l'assise, la marche, les repas (pris sous une forme japonaise dans le sanctuaire, selon un rituel très codifié), les heures de service communautaire, les temps de repos ou d'étirements, etc.
L'affirmation de la dimension religieuse est, dans ce cadre, assez réduite. Pour ceux qui le souhaitent, elle consiste en quelques chants et prise de préceptes en début de journée, et à un temps de prise de refuge au cours du mois pour ceux qui veulent s'engager dans la voie bouddhique. S'ils peuvent être un soutien pour le chemin proposé, ces engagements ne sont pas présentés comme indispensables à ce stade.

Comment se développe la pleine attention ? En adoptant une posture confortable, stable et en prenant un objet de concentration. Le mental ayant l'habitude de passer d'un objet à un autre, l'objectif est de l'apprivoiser. Je pourrais même dire de le dresser, comme on dresse un animal sauvage à la longe, en gardant néanmoins à l'esprit que ceci se fait sans violence. Ici, l'objet de la pratique pour le dressage est la respiration. Chaque fois que l'on prend conscience que la pensée s'est évadée sur un autre objet, on la ramène. C'est tout simple, mais c'est tout simplement exténuant. Tous ceux qui l'ont expérimenté ne serait-ce que pendant plusieurs heures, et ils sont nombreux ici, savent que le résultat est d'abord affligeant. Cependant, avec de la persévérance, le dressage se fait peu à peu. Être avec la respiration devient alors la pensée dominante.

Au bout de deux semaines, j'ai pu en apprécier le résultat : un état intérieur calme, apaisé, avec un fort sentiment de présence tel qu'on l'expérimente dans l'oraison mentale, la prière silencieuse. C'est ce premier exercice, ce travail d'intériorisation, qui nous fait retourner à l'intérieur de nos limites qui s'appelle samatha. Il ressemble finalement à beaucoup d'exercices de concentration sur le souffle, sur un mot, sur un objet, que l'on utilise dans les diverses religions ou cultures du monde. Dans la tradition bouddhique, elle est appuyée par une doctrine très précise, avec une description des étapes, des défauts et des antidotes à appliquer.
Le mental s'étant stabilisé, rassemblé, l'exercice peut évoluer en vision panoramique, en ouverture vers l'extérieur. L'esprit est devenu capable d'être orienté vers tel ou tel objet ou mieux encore d'être présent à l'ensemble des perceptions des sens sans troubler sa quiétude fondamentale, c'est-à-dire sans sautiller à nouveau d'une idée à une autre. Les perceptions de tous les sens deviennent alors plus précises. Alors même que la relation bi-polaire habituelle disparaît, l'attention à la totalité de l'environnement se fait plus grande. Sa perception devient plus fluide, plus spacieuse, plus lumineuse. La discrimination et l'unité augmentent dans le même mouvement. La rigidité se rompt. Cette deuxième activité est appelée vipasyana. Elle peut prendre selon les traditions bouddhiques d'autres formes que celle que je viens de rapidement vous décrire, en particulier analytiques. Dans cette tradition de Shambala, le deuxième élément vipasyana est enseigné assez vite après les premiers entraînements de samatha, puis les deux sont pratiqués ensemble.

A partir de la troisième semaine, j'ai pu ainsi voir grandir cette nouvelle perception de la réalité qui ne la transforme pas, mais la rend plus précise, plus vaste, plus souple. En poursuivant, j'ai pu expérimenter de façon claire et consciente des lumières, des sons, au-delà des visions et des bruits captés par nos sens ordinaires, c'est-à-dire n'en provenant pas, tout en pouvant être conjoints à ceux-là. Il semblerait que cela soit appartenant aux manifestations de ce que les bouddhistes appellent la nature de l'esprit ou la nature de Bouddha, partagée par tous. Un fruit certain fut le ralentissement des activités incessantes des pensées, des périodes de plus en plus larges de calme mental, une acuité plus grande dans la vision des choses et leur flottement les unes par rapport aux autres. En en parlant avec des maîtres tibétains bonpo, ils ont souri en me disant que c'était le début - en d'autres termes de ne pas s'attacher à ces fruits. Je pense que c'était la juste attitude. Il s'agissait d'une étape intéressante dans la compréhension du fonctionnement de son esprit. Rien de plus.

Ce séjour fut à la fois très passionnant et très éprouvant. Heureusement que les gratifications étaient nombreuses, car la posture que j'affinais de jour en jour restait toujours aussi douloureuse dans les jambes et plus généralement dans le corps. J'en viens ainsi, après vous avoir exposé les deux éléments principaux du chemin, au choix du titre de ma causerie : la tête et les jambes.
En effet, si tout se passe dans la tête, c'est-à-dire dans le mental, dans l'activité de l'esprit, celle-là est intimement et définitivement liée au corps, à la fois comme support de la tête et comme objet en relation avec elle. L'ensemble du corps est mobilisé dans cette expérience, comme dans toute expérience, même si nous n'en avons pas conscience. J'ai choisi de distinguer trois dominantes dans les étapes de ce que j'appellerai, non pas la méditation bouddhique mais, l'entraînement de l'esprit auquel je me suis soumis. Ceci concerne mon chemin et ne peut donc pas être généralisable.
[Peut-être devrai-je faire une parenthèse sur ce qui me fait distinguer méditation et entraînement. En effet, à mon avis, on ne peut appeler "méditation" l'exercice où il ne s'agit pas, de méditer quoi que ce soit, de ruminer un texte comme on peut le faire dans la tradition monastique chrétienne. Mais où ce qui compte est de revenir à être pleinement attentif au fonctionnement de son esprit et de ce qu'il rencontre par ses sens et son mental.]
Revenons donc sur les trois phases caractéristiques de réalisation de cet exercice. La première est celle où ce sont les jambes qui dominent sur la tête, la seconde est celle où la tête domine sur les jambes et enfin celle où les deux se mettent à jouer plus ou moins harmonieusement ensemble.

Les jambes sans la tête. Quand j'utilise cette expression, je veux tout simplement dire qu'après quelques jours de posture à raison d'une dizaine d'heures, des douleurs se sont installées dans les jambes, les articulations et les cuisses, avant de se transmettre dans le dos, voire dans les bras. Que ces douleurs ne disparaîtront plus pendant la totalité du mois ! C'est comme un sportif qui ne se reposerait pas ou n'aurait pas un massage soigné entre deux journées d'entraînement intensif. Dans mon cas, les entraînements étaient quotidiens et similaires et seuls quelques exercices d'étirement et une bonne nuit réparatrice permettaient de soulager temporairement ces douleurs. Il me faudra plus de deux mois pour les voir se dissoudre.
Que les douleurs aient dominé rapidement était finalement le signe que le matériau psychique douloureux n'était pas lui-même trop important ! En effet, la mise à l'arrêt du corps permet le déchaînement des épaisseurs psychiques avec leur lot de questions non résolues. Elles prennent alors le devant de la scène et absorbent l'esprit spectateur. Pour moi, cela fut assez bref, et me plongea rapidement dans la perception la plus basique de mon corps : mes tensions physiques. Elles-mêmes reflets de mon attitude intérieure non relâchée. L'animal sauvage face à ses agresseurs cherche à les éviter et à les fuir ou à les affronter, mais guère à les accueillir ou à entrer en dialogue avec eux. Le cheval se cabre face à l'obstacle. Ainsi étais-je, essayant des sorties de toutes sortes, à tout bout de champ.
Mon chemin fut alors de ne pas chercher à fuir cette douleur, mais à me plonger dedans, d'être la douleur, de la goûter. Plus tard même d'en jouir comme une sensation particulièrement savoureuse de mon expérience. Je n'avais plus de douleurs, j'étais la douleur. Revenir alors à la concentration régulière, peu à peu apaisante, était la solution. Ceci me fit entrer dans cette seconde étape, celle où je perdais la sensation de mon corps.

La tête sans les jambes. Plonger ainsi pouvait effectivement fonctionner pendant un temps, et apporter un délicieux fruit d'absorption. Et d'ailleurs, c'est toujours quand ce fruit se présentait que le gong sonnait et arrêtait brutalement le délice. Un intense sentiment de frustration m'envahissait suivi d'un sourire et d'une exclamation intérieure : bravo à l'enseignant pour m'avoir ôté un appui ! Par ailleurs, tant que je restais en plongée tout allait bien, mais si pour une raison ou une autre, j'en sortais, c'était de nouveau une souffrance insupportable qu'aucun changement discret de position ne pouvait soulager et qui me rendait désireux d'interrompre la session. La plongée n'était donc pas non plus la solution. Celle-ci était ailleurs.
J'ai ainsi pu expérimenter pourquoi s'égarer dans sa tête au cours de la pratique est, si l'on cherche à s'y maintenir et à la développer, une des impasses principales détectées par tous les discours bouddhiques. Celles-ci peuvent conduire à des états éthérés, à des pertes de conscience des sensations, des notions, etc., qui ne sont en rien l'état de libération recherché.

La tête et les jambes. Le chemin passa donc par des allers-retours entre ces deux situations : "les jambes sans la tête" et "la tête sans les jambes". Cette espèce d'intermittence vint peu à peu raboter les appétits de saisie ou de rejet. Elle vint déstabiliser en profondeur l'auto-centrement qui reconstruit sans cesse son monde. L'épaisseur du personnage de premier plan qui organise son interprétation du monde à partir de ses habitudes de saisie réifiées en sensations d'attirance ou de rejet s'amenuisa et laissa transparaître celui qui est avec le monde qui se livre à lui, là où il est et comme il est.
Dans cette condition, la tête et les jambes collaborèrent ensemble peu à peu à l'oeuvre commune et ne cherchèrent plus à s'exclure l'une l'autre. Toutes les deux appartenaient à une seule et même réalité que j'étais invité à reconnaître, à laisser s'approfondir peu à peu sans vouloir le dominer.
En somme, j'ai pu discerner quatre éléments qui intervenaient dans cette éducation du fonctionnement de l'esprit. Pour l'illustrer je vais prendre l'image d'un ponton flottant sur la mer. Celle-ci s'oppose à l'image d'un ponton de béton ancré sur la rive. Ce que nous sommes plutôt. L'exercice nous fait passer de ce dernier au premier. Dans ce cas, il nous faut : une ancre, une chaîne, un réglage, une plate-forme. L'ancre, c'est un objet de concentration comme la respiration. Une chaîne, c'est l'attention qui, tout en se reliant à l'ancre, laisse aller, par l'application de la lucidité, ce que l'on est habitué à saisir et où l'on ne se voit même plus comme essayant de l'agripper. Le réglage de la tension de la chaîne, c'est un regard intérieur vigilant qui joue le rôle de rappel lorsque les pensées voudraient nous envoyer voyager au long cours. Une plate-forme, dégagée de tout objet permanent, c'est une ouverture à l'inattendu, à tout ce qui peut surgir alors que l'esprit se détend sans s'affaisser.

La pratique de l'entraînement m'a ainsi conduit à introduire l'esprit dans cet équilibre, qui n'est rien d'autre qu'une perte d'appuis, donc un équilibre non statique, en suspens, comme celui d'un cosmonaute dans sa capsule. Cette façon de rester en suspens fut bien précaire au début puis se stabilisa. En d'autres termes, le passage de pensées de toutes sortes qui était auparavant un obstacle, une occasion d'accrochage, de perturbation, devint inopérant sur le plan des troubles. L'esprit se maintint tout seul dans cet état naturel, qui n'est pas différent du matériau dont surgissent les pensées, qui est spontanément calme. La pratique régulière conduisit ainsi, par la libération de la pensée pré-hensive, à une meilleure adhérence au réel à la fois interne et externe, que l'on peut appeler pleine conscience. La discrimination s'accrût. En d'autres termes, la préhension du réel changea. En particulier, sur l'appréhension de la douleur, des émotions, des états de félicité, de présence, etc. En perdant de sa rigidité, le contact avec le réel offrit aux jambes et à la tête, le goût d'une présence nouvelle et accrue à moi-même et à ce qui se donnait à rencontrer par les sens et le mental.

source : https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Bouddhisme/La-tete-et-les-jambes 


Redécouvrir l'unité "corps-âme-Esprit"
par la double-appartenance chrétien-bouddhiste

Eric Vinson

Né d'une mère catholique et d'un père catholique devenu bouddhiste tibétain, j'ai été élevé dans ces deux traditions, ce qui me place de fait dans une situation de "double appartenance" religieuse. Situation de "double enracinement", de "double fidélité", aussi riche que complexe, aussi difficile qu'éclairante, qui mériterait à elle seule un long exposé pour ne pas être l'objet de malentendus. Mais puisqu'il faut bien tirer un fil de l'écheveau, c'est celui de la place du corps et du "symbolique" sur la voie spirituelle que j'essaierai de suivre ici.
En la matière, je dirais alors tout simplement que mon expérience sur trente ans du bouddhisme tibétain m'a mis en présence d'une tradition authentique, complète et vivante. C'est-à-dire d'un ensemble de doctrines et de pratiques formant un "être au monde" qui ne sépare pas justement le corps, la psyché et l'esprit de l'homme, à l'indicible intersection de l'immanence et de la transcendance. Soit la mise en oeuvre d'un dépôt sacré et incarné actualisant théoriquement mais aussi au quotidien - en particulier dans le cadre du rituel - une anthropologie ternaire "corps-parole-esprit", ou "corps-âme-esprit" si vous voulez ; anthropologie ternaire qui s'oppose au modèle dualiste âme/corps et à son substrat matérialiste/rationaliste établi en Occident depuis des siècles.
Est-ce à dire que le christianisme ne constituerait pas - ou plus - une "tradition authentique, complète et vivante", susceptible d'échapper à ce dualisme - devrais-je dire ce "manichéisme" - mutilant ? Cette délicate question, ma découverte simultanée des deux traditions m'a bien sûr conduit à me la poser, tout comme l'évidence des difficultés rencontrées depuis quelques siècles par l'Eglise face à la modernité.

Sans prétendre apporter une réponse univoque à une interrogation aussi massive, je dirais que "quelque chose" paraît avoir été perdu, ou du moins caché, oublié, en la matière par le christianisme - et plus largement par l'Occident - au cours de ce cycle historique. Que pourrait recouvrir ce "quelque chose" ? Méthodes et guidance spirituelles ; "science appliquée" de l'esprit, du "corps subtil" et de l'"imaginal" (selon l'expression d'Henri Corbin) ; sens de l'énergie, d'un cosmos animé et signifiant, et donc sens du Mystère, de l'incarnation, du symbole et du rituel ; primauté de l'expérience directe du mystique et du métaphysique sur le rationnel et le matériel ; démarche initiatique et "alchimique" - celle de la transmutation de l'impur en pur -, intégration de la sexualité, du masculin et du féminin au chemin spirituel ; sens des justes relations entre l'Absolu et le relatif, entre l'immanent et le transcendant, entre l'exotérique et l'ésotérique ; non dualisme, juste pluralisme doctrinal et donc capacité à relier au mieux entre elles les différentes traditions spirituelles de l'humanité comme à relier celles-ci et les champs de la culture (science, art, travail, politique, écologie, etc.). C'est en fait tout cela qui semble aujourd'hui faire défaut en tout ou partie au christianisme, tout cela qui paraît donc avoir été mis "sous le boisseau", à supposer que ces différentes réalités aient existé auparavant en son sein.
Une perte, un oubli fort vaste donc, et aux conséquences globales incalculables ; oubli qui me semble pouvoir justement être synthétisé par cette notion d' "anthropologie ternaire vécue corps-âme-esprit", que mon exposé se propose de cerner un peu mieux par la mise à profit de l'exemple bouddhiste tibétain. Cette mise en regard du bouddhisme et du christianisme nous permettant - en outre - non seulement d'envisager un "diagnostic", mais peut-être aussi des "thérapeutiques" pour notre Occident chrétien si blessé. "Thérapeutiques" qui seront issues notamment de l'usage le plus adéquat possible de la rencontre et de la double-appartenance religieuses, en tant que miroir, ferment, aiguillon et fil d'Ariane pour un juste et prudent retour aux sources.

Comme le temps manque et qu'il y aurait tant à dire, le plus simple me semble de vous présenter - autant que possible - comment s'unissent corps, parole et esprit dans le bouddhisme Vajrayâna, à savoir par l'exemple d'une "pratique" spirituelle quotidienne (sâdhanâ en sanskrit). Une description qui nous permettra de saisir directement et sans trop d'abstraction l'unité synthétique ici envisagée de ces trois plans d'une même réalité, ainsi que les différences existant en la matière avec ce que nous vivons dans le christianisme occidental moderne et contemporain.

Tout sâdhanâ tantrique commence d'abord par une initiation, litt. une "transmission de pouvoir" (tib. : wangkour) ; rituel collectif ou individuel selon les cas où celui qui a déjà accompli la pratique - le guru ou lama - introduit le néophyte dans l'expérience personnelle de ce qui est ici en question, à savoir la présence active et vivante de la Divinité (skt. Ishtadevatâ, tib. Yidam). Et ce au moyen d'un rituel, d'une liturgie, mise en mouvement d'un texte "canonique" et des symboles matériels, vocaux et mentaux qui y sont évoqués, le tout formant le support de l'influence spirituelle de cette Divinité. Cette influence "révélée" qu'il s'agit justement ici de transmettre... Pour ce faire, le lama demande au néophyte de se rendre le plus parfaitement présent et disponible, ce qui passe par une posture, une parole et un mental aussi calmes et réceptifs que possible, prêts à suivre de leur mieux et sans rien sur-ajouter les diverses opérations en cause.

Le coeur du processus ? Que la Divinité - qui est en essence Interdépendance, c'est-à-dire Relation, c'est-à-dire "inappropriabilité", c'est-à-dire Vacuité -, que cette Divinité donc et le néophyte "se rencontrent" véritablement, se "voient" en quelque sorte "face à face", voire s'unissent et s'identifient pour une première fois ; ce qui est la première étape d'un chemin censé conduire à terme le nouvel initié à l'Eveil, lui-même stabilisation permanente de cette union et de cette identité suprêmes entre la Divinité et lui. Cette première étape devant d'ailleurs être répétée à cette fin encore et encore, jour après jour, le temps nécessaire à un tel accomplissement.
Pour que tout "fonctionne" au cours de l'initiation, le lama lui-même et les différents attributs rituels doivent être perçus comme différents aspects de la présence réelle de cette Divinité, par exemple Avalokiteshvara, entre cent autres visages possibles. Son corps "physique" est en effet rendu présent par les icônes (tib. tangkha) représentant Sa forme canonique, ainsi que la torma (tib.) - un gâteau rituel - et le boumpa (tib.) - sorte de calice rempli d'eau safranée - ; Sa parole est manifestée par les mantra - contemplés, dits, chantés - ; Son esprit enfin est actualisé par la visualisation de la "gloire" formelle mais immatérielle de tous ces attributs unis, par la perception pure de leur ensemble, par la contemplation de leur sens et de la quintessence qui dépasse tout sens - autrement dit la Vacuité -. Recevant ainsi la bénédiction du "corps, de la parole et de l'esprit" de la Divinité, le néophyte reçoit le sacrement de l'unité de ces trois plans conjoints, en lui et hors de lui. Il bénéficie de la grâce de ces trois dimensions d'une seule réalité sacrée unissant macrocosme et microcosme, visible et invisible, matériel et immatériel, formel et informel, conformément à la théorie du Trikâya (skt), les "Trois Corps de Bouddha".

On l'aura compris, ce processus initiatique mobilise intégralement tout l'être humain de façon unitive, holistique pourrait-on dire, de telle sorte qu'Absolu et relatif ne soient plus séparés, selon la grande intuition du Mahâyâna : "la Forme est Vide, le Vide est Forme". Ce qui ne veut pas dire qu'une certaine "hiérarchie" entre le corps, la parole et de l'esprit ne soit pas envisagée ici au moins à titre temporaire, la dimension la moins concrète, la moins formelle étant censée contenir en puissance et donc régir en quelque façon celles qui sont plus "grossières", du moins matériel au plus matériel. En l'occurrence, il s'agit donc d'entrer en relation avec cette dimension la plus spirituelle, la plus ultime, en partant de là où l'on est, c'est-à-dire de notre expérience quotidienne. Essentiellement déterminée par nos sens illusionnés et nos perceptions matérielles - à commencer par celle de notre corps "ordinaire" justement -, cette expérience pourra être peu à peu reliée à des plans plus subtils, et ce grâce aux méthodes traditionnelles appropriées et à la guidance d'un maître qualifié. D'où une transformation - une transmutation - progressive qui conduira un jour notre expérience à ne plus rester dans cette dichotomie corps-parole-esprit - quelque peu simpliste et pédagogique, mais en cela provisoirement indispensable - pour l'établir dans leur unité, qui est celle de la réalité ultime.

A partir d'un travail sur le corps physique et le corps subtil, notamment grâce à la mobilisation de l'énergie par la respiration et de l'imagination créatrice par la visualisation, le tout ordonné par une vue doctrinale juste selon la définition d'un yoga authentique, ces méthodes traditionnelles ou "moyens habiles" (skt. upâya) permettront donc la prise de conscience à la fois de l'indissociabilité corps-parole-esprit et de la primauté de ce dernier sur les deux autres "composantes". Idée que l'un de mes enseignants bouddhistes rendait par une question aussi évidente que troublante : "Au fond, l'esprit est-il dans le corps, ou bien est-ce le corps qui est dans l'esprit ?". Donnant visiblement la préférence à ce-dernier énoncé, il voulait exprimer ainsi la réalité profonde, le premier membre de sa question ne relevant que de la vérité relative. Une énigme - un kôan ? - qui nous permet de comprendre en un clin d'oeil à quel point nous sommes loin ici de la vision dominant en Occident chrétien depuis environ six siècles.

Cette vision appauvrie de la réalité et de l'homme, je ne vais pas la détailler, car vous la connaissez. Pour résumer, on peut dire qu'elle se caractérise par une approche analytique et non synthétique, dualiste et non unitive, prise par la dialectique sans fin qui oppose l'âme au corps privés de leur lien ontologique au Créateur et à la Création, le tout sur fond d'idéalisme, de rationalisme et finalement d'individualisme et de matérialisme. Ce qui est quand même un comble pour une civilisation inspirée par la religion de "l'Incarnation", de la "Trinité", de la "Communion des Saints" et de la "Résurrection de la chair" ! Nées au sein de l'intellectualité occidentale scholastique - sclérosée à la fin du Moyen-âge - avant de se retourner bien rapidement contre leur matrice chrétienne, ces différentes variantes d'un même réductionnisme castrateur expliquent à mon sens la plupart des difficultés connues par le christianisme depuis longtemps et a fortiori aujourd'hui. Elles sont d'autant plus dommageables qu'elles relèvent d'une tendance morbide à la séparation non sans rapport avec le diabolos qui divise, opposé par définition au "symbolique" qui rassemble. Dieu merci, ces caricatures réductionnistes ne constituent que des sous-produits faussés de notre authentique tradition chrétienne, celle-ci ayant en gros dans son premier millénaire -chez les Pères de l'Eglise et du Désert en particulier, mais aussi dans les grandes oeuvres mystiques manifestées depuis vingt siècles - toutes les ressources nécessaires pour retrouver un sens authentique de la réalité humaine et cosmique. De cette oeuvre de Dieu où Il ne cesse d'être présent et d'oeuvrer Lui-même.

C'est pourquoi il me semble insuffisant, trompeur et probablement peu fécond à terme de vouloir ici "redécouvrir le corps" sans prendre les choses à la racine, en posant le problème global - anthropologique, théologique, philosophique, etc. - avec toutes ses implications conceptuelles et pratiques dans les divers champs de la vie individuelle et collective. Car c'est en fait le problème du rapport de l'Occident chrétien à l'entièreté de l'homme et du monde sous le regard de Dieu que pose cette "question du corps", problème insoluble sans un solide travail théologique, liturgique et pastoral correspondant me semble-t-il à un retour à la théologie mystique vécue comme clé de voûte de l'édifice chrétien dans son ensemble.

En effet, là "où il n'y a pas d'esprit", il "n'y a pas non plus de corps" et inversement, là "où il n'y a pas de corps", il "n'y a pas non plus d'esprit" ; proposition qui vaut bien sûr aussi pour le plan psychique et affectif. Oui, là où l'une ou l'autre de ces trois dimensions manque, là où l'une d'elle est sur-valorisée, quitte à phagocyter les deux autres, c'est l'humain, la vie, le spirituel tout entier qui manque. L'énoncé peut sembler lapidaire, mais pour se convaincre de sa pertinence, il suffit de se rappeler le malaise ressenti par exemple dans un "fitness club" - où se célèbre le culte du corps seul comme fin en soi -, ou bien devant un "psy-show" télévisuel - où ne règne que l'émotion laissée à elle-même -, ou enfin dans un colloque universitaire hyper-abstrait déconnecté de toute réalité vivante. Autant de lieux où se manifeste à qui sait sentir la mutilation de l'une ou l'autre de ces dimensions essentielles. Et donc la perte de toute la vérité.

Pour en revenir à mon parcours personnel, je dirais que mon expérience du bouddhisme m'a mené à goûter personnellement quelque chose de cette mystérieuse intégration corps-âme-esprit, où le corps et le psychisme se révèlent les aspects formels - sensibles - de l'Esprit infini. En ayant pris conscience dans le cadre de cette tradition, je n'ai pu que constater à quel point cette perception holistique s'accordait avec ce que je pouvais comprendre du christianisme plénier. Ce qui, bien loin de m'éloigner de ce dernier, me convainquit de m'y engager derechef, en tirant partie de cette rencontre en moi des deux traditions. Cherchant dans cette voie, j'ai vu à quel point un autre visage de la foi chrétienne pouvait (re-)surgir si on la relisait dans ses meilleures sources, la plupart de ses problèmes, limites et contradictions actuels étant alors susceptibles de se résoudre. Un visage du christianisme non pas "innovant" au sens habituel du terme, mais parfaitement traditionnel, c'est-à-dire correspondant à un retour créatif aux fondamentaux de cette Révélation dans son intégrité. Une relecture "en Esprit et en Vérité" de la Tradition, bien éloignée de toute nostalgie réactionnaire, de tout repli identitaire, de tout intégrisme fondamentaliste, mais au contraire vouée essentiellement à l'Ouvert et à la Relation.

Pensant que cette redécouverte - faîte après bien d'autres plus avancés que moi - pouvait donc être utile à mes contemporains, je me suis engagé sur divers chantiers où pouvait se mener - pour l'instant de façon totalement insuffisante - ce travail énorme, complexe, passionnant et essentiel. Devenu journaliste dans le cadre de la revue française Prier, j'y ai ainsi favorisé la naissance d'un groupe informel dénommé faute de mieux "corps et prière" et regroupant divers praticiens et experts, dont Bernard Ugeux et Benoît Billot. Plusieurs articles, hors-série, livres ont ainsi été produits par notre revue Prier dans cette direction. De même, je participe depuis plusieurs années aux travaux d'un laboratoire de l'Institut catholique de Paris, voué sous l'impulsion de Dennis Gira et avec l'aide de Thierry-Marie Courau, à permettre un véritable dialogue en profondeur entre bouddhistes et chrétiens. En effet, je pense que c'est probablement l'une des vocations providentielles de la rencontre inter-religieuse - et à fortiori de la "double-appartenance" - de permettre aux différentes traditions de ranimer en elles-mêmes certaines potentialités légitimes hélas oubliées ou abîmées, mais exigées par un nouvel état des choses. Un réveil possible grâce à la confrontation avec les analogues de ces potentialités, encore bien vivants dans d'autres religions, cette mise en relation étant effectuée avec le plus grand respect de la cohérence propre à ces ensembles vivants, autrement dit en se gardant bien de tout syncrétisme.

source : https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Bouddhisme/Gestes-et-appartenance


Pour en savoir plus


Pour aborder plus en profondeur les différents sujets évoqués ici, voici quelques pistes de développement...

sur Internet :

"Jésus et/ou Bouddha ? Le bouddhisme est-il une alternative au christianisme"
Enregistrement vidéo de la Conférence inaugurale de l'Institut supérieur de Théologie de Nice Sophia-Antipolis, par Dennis Gira, le 15 septembre 2012
=> sur le site de Daily Motion : 1ère partie ; 2e partie ; 3e partie

en librarie :

Le Buddha et le Christ 02Aspects du bouddhisme – I : Christ et Bouddha ; II : Amida, Cardinal Henri de Lubac, éditions du Cerf, 2012
Présentation du livre par l'éditeur : L'intérêt du P. de Lubac pour le bouddhisme remonte aux années 1930. Il publiera ainsi trois ouvrages majeurs : " La Rencontre du bouddhisme et de l'Occident " (1952 ; rééd. Œuvres complètes, t. XXII, 2000), " Aspects du bouddhisme " (1951) et " Amida " (1955), à présent réédités en un seul volume. Henri de Lubac fut un artisan éclairé de la rencontre du bouddhisme et du christianisme : en étudiant scrupuleusement les différences entre christianisme et bouddhisme, ce dernier lui apparut comme une voie privilégiée pour accéder, par comparaison ou par contraste, à l'intelligence du christianisme. Pour cette présente édition, un travail de correction et de normalisation a été effectué afin de rendre le texte lisible aux lecteurs d'aujourd'hui. Les éditeurs scientifiques du volume ont également vérifié toutes les sources citées afin de les compléter, voire de les corriger lorsqu'elles étaient fautives. Loin d'être une réimpression, il s'agit d'une nouvelle édition.
Ce livre est disponible à la Bibliothèque du CIDEB (bibliothèque de l'IEB) 

Le Buddha et le Christ 03Un chrétien dans les pas du Buddha, de Jacques Scheuer, éditions Lessius, 2010
Présentation du livre par l'éditeur : Parmi les traditions spirituelles, c'est peut-être entre bouddhisme et christianisme que se creuse le plus grand écart. Une rencontre paraît improbable, voire désespérée. Le pari de cet essai est cependant que la fécondité de la rencontre sera à la mesure de la distance que les deux partenaires auront eu à franchir. On ne trouvera ici ni un exposé scolaire ni une comparaison de deux produits offerts à la consommation. Il s'agit plutôt, en douze brefs chapitres, d'autant d'explorations, selon un mouvement d'aller et de retour, comparable au travail du tisserand qui croise et recroise les fils. À chaque étape, une parole, une parabole, une image ou encore un personnage de la tradition bouddhique convie à la découverte d'une facette de ce monde spirituel. Si l'on tente de rejoindre le cœur de son message et de son expérience, le bouddhisme ne perd rien de sa différence, bien au contraire. Mais chaque lecteur sera renvoyé à lui-même : à son identité fragile d'Occidental dans le tourbillon de la modernité " avancée ", à sa compréhension toujours inachevée du chemin spirituel tel que le propose la foi chrétienne. Le " détour " par le bouddhisme –; ou plutôt l'hospitalité offerte, reçue et rendue –; permet de mûrir un fruit de reconnaissance, au double sens de ce terme. 
Ce livre est disponible à la Bibliothèque du CIDEB (bibliothèque de l'IEB) 

Le Buddha et le Christ 04Prière et méditation dans le christianisme et le bouddhisme, de Henri Bourgeois et Jean-Pierre Schnetzler, éditions Desclée de Brouwer, 1998
Présentation du livre par l'éditeur : Parmi les manifestations actuelles du dialogue interreligieux, la confrontation entre le bouddhisme et la foi chrétienne apparaît comme l'un des phénomènes les plus marquants. Alors que le bouddhisme s'installe de plus en plus en Occident, par la diffusion de sa sagesse, par la présence de communautés ou le rayonnement de personnalités comme le Dalaï-Lama, il devient plus urgent de préciser ce qui rapproche ou distingue celui-ci du christianisme. En prenant comme thème central la prière et la méditation, ce livre obéit à cette exigence de vérité. On oppose souvent la prière chrétienne, rencontre d'un Autre, et la méditation bouddhiste, recherche du vide. On souligne à l'envi leurs différences. Mais est-ce simple ? Peut-on dépasser les a priori et les préjugés pour mesurer l'apport de ces spiritualités respectives ? A travers deux textes successifs, et volontairement parallèles, chacun laissant en lui la place de l'autre, Henri Bourgeois, théologien catholique, et Jean-Pierre Schnetzler, bouddhiste, psychiatre, confrontent leurs points de vue sans complaisance. Mais avec beaucoup d'espérance !

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