Le glossaire que nous vous proposons ici recense les principaux termes utilisés dans les enseignements bouddhiques : noms propres, des principaux personnages, et noms communs, utilisés pour présenter la doctrine bouddhique et ses pratiques.
Les entrées de ce glossaire donnent les termes en sanskrit, la langue de l'Inde la plus fréquemment employée dans la littérature bouddhique de référence. On a indiqué entre [crochets] l'ortographe des mots en pāli, autre langue de référence du bouddhisme ancien de l'Inde.
Les noms propres
Les noms communs

 

Les noms propres

Les "Trois Joyaux"

On "devient" bouddhiste par la "prise de refuge" (voir śaraṇa) en les trois Joyaux que sont : le Buddha, le Dharma, le Saṅgha

Buddha : "l'Eveillé".
Titre honorifique de Siddharta Gautama, le Buddha "historique", évoquant sa compréhension de la réalité ultime, au-delà des apparences du monde illusoire.
Toutes les écoles bouddhistes reconnaissent l'existence de plusieurs buddha passés et futurs.
Pour les écoles du Mahāyāna, un buddha historique n'est que la manifestation d'un buddha transcendant qui utilise ainsi un "moyen habile" (voir upāya) pour enseigner le Dharma aux hommes.
Voir aussi dans la section "Notions fondamentales" - buddha

Dharma : la "Loi".
Terme complexe. Ecrit au singulier et avec une majuscule, "Dharma" désigne à la fois la réalité, l'ordre qui la régit et son appréhension par l'homme ; il est aussi couramment employé comme synonyme de "l'enseignement du Buddha" ; au pluriel et sans majuscules, les "dharma" sont les éléments constitutifs de la réalité et des phénomènes.
Voir aussi dans la section "Notions fondamentales" - dharma

Saṅgha : la "Communauté".
Les disciples du Buddha, hommes et femmes, renonçants ou laïcs. Dans les écoles anciennes et le Theravāda, le terme est plutôt réservé aux renonçants (bhikṣu et bhikṣunī).

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Buddha et bodhisattva

Amitābha (japonais : Amida) : un des "Buddha transcendants" reconnus par les écoles du Mahāyāna. Il réside dans la Terre Pure de l'Ouest, le principal paradis bouddhique, où il accueille tous ceux qui font appel à la force de son voeu.

Avalokiteśvara (chinois : Guanyin ; japonais : Kannon) : bodhisattva de la Compassion, "émanation" du Buddha Amithāba. Il est parfois représenté, en Chine et au Japon notamment, sous une forme féminine (dès les textes les plus anciens, la compassion est comparée à l'amour maternel).

Kṣitigharba (chinois : Dizang ; japonais : Jizo) : très populaire en Extrême-Orient, "divinité" des carrefours, c'est lui qui guide les âmes (en principe inexistantes) des morts vers de meilleures renaissances. Il est aussi, au Japon, le protecteur des enfants.

Maitreya : "celui qui aime". Buddha des temps futurs, il attend dans le ciel des bienheureux, les Tusitas, le moment de renaître sur terre et d'enseigner à nouveau aux hommes le Dharma qu'ils auront oublié. Dans les écoles anciennes et, aujourd'hui encore, dans l'école Theravāda, les laïcs souhaitent réaliser le plus d'actions bénéfiques possibles pour pouvoir renaître à l'époque de Maitreya et avoir ainsi plus de chance d'atteindre l'Eveil.

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Grands disciples, Arhat et maîtres

Ānanda : cousin du Buddha et l'un de ses plus proches disciples ; c'est lui qui, lors du premier concile, aurait récité de mémoire tous les discours tenus par le Buddha, donnant ainsi naissance aux premiers sūtra. C'est aussi grāce à son intervention que le Buddha accepta d'instituer la communauté des femmes "renonçantes" (bhikṣunī).

Boddhidharma : fondateur mythique de l'école du Chan/Zen. Moine indien, qui aurait vécu au V-VIe siècle apr. J.-C., Boddhidharma serait venu en Chine où il aurait passé sept ans en méditation avant d'atteindre le parfait Eveil, sur le mont Shaolin, lieu de fondation du premier monastère Chan.

Mahākaśyapa : l'un des principaux disciples directs du Buddha, et son successeur à la tête de la communauté. C'est à sa propre expérience de l'Eveil que remonterait l'origine de la lignée des patriarches, selon l'école du Chan/Zen.

Nāgārjuna : considéré comme le plus important des philosophes et mystiques bouddhistes, il aurait vécu aux environs de 150-250 apr. J.-C. Fondateur de l'école Madhyamaka ("la Voie du Milieu"), son enseignement repose essentiellement sur la notion de vacuité (sunyatā) et l'incapacité du langage et des concepts à rendre compte de la réalité ultime. Sa philosophie a profondément influencé de nombreuses écoles du Mahāyāna, notamment le Zen ou le Vajrayāna.

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Les différentes écoles

Chan/Zen - traduction chinoise et japonaise du terme sanskrit dhyāna : école du Mahāyāna dont l'enseignement repose tout particulièrement sur la pratique de la méditation assise.

Mahāyāna - "Grand Véhicule" : mouvement de réforme né en réaction aux premières écoles indiennes (appelées péjorativement "Hinayāna" - Petit Véhicule). Il met en valeur les vertus de sagesse et de compassion ainsi que l'idéal du bodhisattva ("être apte à l'éveil", qui choisit de retarder son propre éveil pour favoriser celui des autres).
Voir aussi dans la section "Notions fondamentales" - mahāyāna

Madhyamaka - "Voie du Milieu" : école du Mahāyāna fondée par Nāgārjuna (II-IIIe siècle apr. J.-C.). Elle insiste particulièrement sur la notion de vacuité (śunyatā) qui jouera un rôle déterminant dans la naissance du Chan/Zen et du Vajrayāna.

Theravāda - "Voie des Anciens" : la seule existante encore aujourd'hui des dix-huit écoles nées en Inde avant l'apparition du Mahāyāna. Son canon a été rédigé à Ceylan (Sri Lanka), en langue pālie, au 1er siècle avant Jésus-Christ.
Voir aussi dans la section "Notions fondamentales" - sthavira

Vajrayāna - "Véhicule de diamant" : école du Mahāyāna - appelé aussi bouddhisme tantrique - proposant, à travers de nombreuses pratiques, l'obtention rapide de l'éveil (le diamant symbolise pureté et rapidité).
Voir aussi dans la section "Notions fondamentales" - vajrayāna

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Les noms communs

Les notions fondamentales

Les termes présentés ici sont les termes sanskrits suivis [entre crochets] de leur orthographe en pāli et (entre "guillemets") de leur traduction littérale.
Les signes diacritiques n'ont pas pu être respectés.

A - B - C/D - H/K - L/M - N - P - R/S - T - U/V/Y

 

- A -

abhidharma [abhidamma] ("doctrine supérieure") :
Troisième section du canon regroupant les commentaires sur la doctrine, sous forme d'exposés philosophiques et psychologiques (voir tripiṭaka).

anātman [anatta] ("non-Soi") :
Inexistence du Soi (ātman) en tant qu'entité indépendante et permanente ; l'une des trois caractéristiques du Soi, selon les doctrines anciennes, et de tout phénomène, selon les écoles du mahāyāna.

ārya [ariya] ("noble") :
Terme employé dans les sūtra pour qualifier ce qui est noble et juste, éloigné de la réalité conventionnelle et mondaine ; parfois synonyme d'arhat. Voir aussi brahma.

ātman [ātta] (même origine étymologique que "āme") :
Soi, idée du Soi, en tant que personne permanente et indépendante.Concept lié aux "Trois poisons" (voir mūla) et au karma, forgée à partir d'une mauvaise appréhension des cinq agrégats (skandha).

arhat/arhant [arahā] ("digne de", "méritant") :
Etre accompli, ayant détruit les souillures mentales et parvenu à l'extinction (nirvāṇa) des renaissances. Constitue le but de la voie bouddhiste pour les écoles anciennes. Synonyme de śrāvakabuddha.

avidyā [avijjā] ("non-connaissance"):
Ignorance des choses "telles qu'elles sont", comme exposées dans les Quatre Nobles Vérités ; constitue le premier maillon de la chaîne de la "production conditionnée" (pratītyasamutpāda). C'est la destruction définitive et complète d'avidyā qui constitue l'éveil (bodhi).

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- B -

bhāvanā ("maintenir à l'existence") :
Développement (de bhava / bhāva : devenir / choses en devenir) , pratiques, exercices spirituels liés à la Voie (généralement traduit par "développement mental" ou, improprement, par "méditation"). Voir dhyanā, prajñā, śamatha, samādhi, vipaśyanā.

bhikṣu [bhikkhu], féminin : bhikṣunī [bhikkhuni]
("renonçant", "celui qui mendie sa nourriture") :
Improprement traduit par "moine", le bhikṣu est celui qui "quitte le foyer pour la vie sans foyer" et prend l'engagement de suivre les nombreux préceptes regroupés dans les vinayapiṭaka.

bhūmi ("sol", "terre") :
Dans le canon pāli désigne les différents domaines d'existence ; dans les textes du mahāyāna est notamment employé pour désigner les dix étapes de la voie du bodhisattva (le 6e bhūmi correspond à la réalisation de ce que les écoles anciennes considèrent comme l'état d'arhat).

bodhi ("éveil") :
Expérience vécue par un être lorsqu'il met fin à l'ignorance (avidyā) et se libère définitivement du saṃsāra (voir buddha).

bodhicitta ("conscience d'éveil") :
La "conscience d'éveil" intervient au moment où un être humain décide de s'engager dans la voie du bodhisattva pour parvenir au parfait et complet Eveil des buddha, afin d'obtenir (outre la libération) l'omniscience qui permet d'oeuvrer pour le bien de tous les êtres.

bodhisattva [boddhisatta] ("être d'éveil") :
Futur buddha, être vouant sa (ses) vie(s) à l'obtention du "suprême éveil" (voir buddha), par l'amélioration de ses qualités intérieures (pāramitā). La "voie du bodhisattva" (bodhisattvayāna) constitue l'idéal du mahāyāna. Ses principales caractéristiques sont les voeux spéficiques, prononcés par le bodhisattva au début de sa carrière, la compassion universelle (karunā) et la sagesse transcendante (prajñā) qu'il développe.

brahma ("noble", "sublime") :
Terme servant à composer des expressions mettant en valeur la pureté, le bonheur, le "mérite", par association au "monde des brahma", séjour des dieux.

brahma-vihāra ("habitation sublime") :
Désigne les quatre qualités suprêmes et "illimitées" que doit développer le disciple lorsqu'il s'exerce au développement mental (bhāvana) : amour (mettā), compassion (karunā), joie altruiste (muditā) et équanimité (upekkhā).

buddha ("éveillé") :
Tout être parvenu à l'éveil (bodhi), à la plénitude de la sagesse (prajñā) et à la libération, après avoir pratiqué les "perfections" (pāramitā).
On distingue trois types de buddha :

  • le samyaksambuddha [sammāsambuddha] ("complètement, parfaitement éveillé") qui obtient l'éveil par ses seuls efforts et est capable d'enseigner le Dharma ;
  • le pratyekabuddha [paccekabuddha] ("éveillé pour soi") qui obtient l'éveil par ses seuls efforts mais n'enseigne pas le Dharma ;
  • le śrāvakabuddha [sāvakabuddha] ("auditeur éveillé") qui parvient à l'éveil en suivant l'enseignement délivré par un samyaksambuddha, directement ou par ses successeurs (synonyme d'arhat).

buddhānusmrti [buddhānussati] ("souvenir du buddha") :
Pratique de récitation des noms du buddha et de ses qualités.

buddhakśetra ("champ de buddha") :
Domaine de rayonnement des buddha. On en distingue trois : le champ de naissance (jātikkhetam), cadre de son existence terrestre ; le champ d'autorité (ānākkhetam), dans lequel agit son enseignement ; le champ de connaissance (visayakkhetam), illimité. Appelé aussi "Terre Pure".

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- C / D-

citta ("conscience(s)", état(s) de conscience") :
L'un des cinq composants (skhanda) formant la fausse idée du Soi (ātman) ; il existe six consciences liées aux six sens (5 sens physiques + sens mental). Voir vijñāna (par rapport à vijñāna, citta est surtout employé en ce qui concerne la réalisation du nirvāṇa).

dāna ("don") :
Le don constitue la première des activités "méritoires", avec la moralité (śīla) et le développement mental (bhāvanā), et l'une des dix "perfections" (pāramitā). On distingue notamment le don matériel, de peu de fruit, et le don du Dharma, qui constitue le "don suprême".

deva ("resplendissant", de même racine étymologique que "dieu") :
L'un des six états d'existence au sein du saṃsāra. En règle générale, non visibles à l'oeil humain et vivant dans des mondes heureux, matériels ou "sans forme", les deva, comme tous les autres êtres, restent soumis à la naissance et à la mort. La notion de "dieu créateur" n'est pas reconnue par les bouddhistes.

dharma [dhamma] ("ce qui porte") :
Le terme a de multiples sens - norme, loi, doctrine, chose, objet mental, phénomène... Nom commun (dharma), il désigne les constituants de tous les phénomènes, physiques et mentaux. Nom propre (Dharma), il désigne tout à la fois l'Ordre qui régit le monde et l'enseignement des buddha (la Loi) qui en rend compte. Il constitue alors l'un des "Trois Joyaux" (avec Buddha et Saṅgha).

dharmakāya [dhammakāya] ("corps de doctrine") :
Pour les écoles anciennes, le dharmakāya est ce qui "reste" d'un buddha après son extinction définitive (parinirvāṇa), l'ensemble des enseignements qu'il a légué à la communauté de ses disciples. Pour les écoles du mahāyāna, le dharmakāya désigne le "corps universel et essentiel" des buddha, synonyme de dharmadhātu, la Réalité ultime des choses "telles qu'elles sont", à partir duquel se manifestent les autres "corps" : sambhogakāya et nirmānakāya.

dhātu ("élément") :
Les parties constituantes d'un tout, les quatre éléments physiques, les 18 éléments physiques et mentaux nécessaires au fonctionnement de l'esprit (organes, perceptions et consciences...). Le terme apparaît dans de nombreuses classifications, comme celle des "trois mondes" : monde du désir (karmadhātu), monde des formes (rūpadhātu), monde du sans forme (arūpadhātu) ; ou pour désigner la Réalité (dharmadhātu = la réalité absolue).

dhyāna [jhāna] ("absorption") :
Au sens large, tout acte de concentration de l'esprit sur un objet, mental ou physique. Au sens technique, désigne les quatre états d'absorption ("enstase") atteints par l'exercice de la concentration (samādhi). Le plus souvent traduit, improprement, par "méditation".

dosa ("haine") :
L'un des "trois poisons" (voir mūla) à l'origine du karma ; désigne tout état d'aversion ou d'agression, dépendant de l'idée de Soi (ātman), lié à la haine ou à la colère, se manifestant contre soi-même ou tout ce qui est considéré comme "autre que soi" (personne ou objet).

duhkha [dukkha] ("mal-être") :
La principale caractéristique du saṃsāra. Souffrance, insatisfaction, sentiment d'imperfection et d'insécurité (s'oppose à sukha : sentiment de plénitude).
On distingue trois types de duhkha : duhkha-duhkha (souffrance physique ou mentale), viparināma-duhkha (souffrance liée au changement, à l'impermanence), saṃskāra-duhkha (souffrance liée au caractère interdépendant, "fabriqué", des phénomènes - voir saṃskāra).

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- H / K -

hinayāna ("petit véhicule") :
Terme péjoratif appliqué par les adeptes du mahāyāna aux représentants d'une vision restreinte de la Voie ; le "petit véhicule" est celui qui vise la délivrance individuelle par l'obtention de l'état d'arhat, et non la recherche de l'éveil des "Buddha parfaitement éveillés" (voir buddha). Aucune école ne peut être réduite à cette définition, qui doit être comprise comme une voie parmi d'autres, puisque même le Theravāda envisage la voie du bodhisattva et du pratyekabuddha.

kalpa [kappa] ("cycle cosmique") :
Traduit généralement par "éon", désigne un laps de temps inconcevablement long. On distingue quatre périodes en un kalpa : formation d'un "monde", durée du "monde", résorption du "monde", chaos... puis renaissance d'un monde, etc.

karma [kamma] ("acte") :
Le mot karma est de même origine étymologique indoeuropéenne [*kr] que "création". Dans la doctrine bouddhiste, il désigne exclusivement l'acte né d'une intention ou "volition" (cetanā).
Il est "mauvais" s'il est conditionné par les "trois poisons" : convoitise, aversion, égarement (lobha, dosa, moha - voir mūla) ; il est "bon" s'il est conditionné par l'altruisme, la bienveillance ou la sagesse (alobha, adosa = mettā, amoha = prajñā).
Il peut être acte du corps (gestes), de la parole (verbalisations) ou de l'esprit (pensées) et porte un "fruit" dans cette vie, dans la prochaine ou au cours de naissances successives, si les circonstances requises sont réunies et seulement dans ce cas (des karma, faibles ou contrariés par un karma de type opposé, peuvent ne jamais porter de "fruit").
Du point de vue ultime (doctrine de l'anātman), il n'y a que des actes mais aucun acteur qui agisse et "reçoive" un fruit.

karunā ("compassion") :
L'une des quatre "demeures sublimes" (brahma-vihāra) ; représente le sentiment de sympathie à l'égard de tous les êtres soumis à la souffrance et le souhait qu'ils en soient délivrés ; antidote de la cruauté.

kāya ("accumulation", "groupe", "corps") :
Désigne toute manifestation composée d'éléments (dhātu) : corps physique (rūpa), corps mental (nāma), ou corps "subtils".
Le mahāyāna développera la doctrine des différents "Corps de Buddha", manifestations par lesquelles s'exprime la boddhéité. Les trois principaux sont le dharmakāya, le sambhogakāya et le nirmanakāya.

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- L / M -

lobha ("convoitise") :
L'un des "trois poisons" (voir mūla) à l'origine du karma ; désigne tout état de convoitise et de désir (synonyme de trsnā), dépendant de l'idée de Soi (ātman) et l'alimentant par possession, assimilation, etc.

mārga [magga] ("chemin", "voie") :
Terme générique employé pour désigner l'ensemble des pratiques ; c'est l'Octuple Noble Sentier présenté dans la 4e Noble Vérité, composé de la discipline (śīla), du développement mental (samādhi) et de la sagesse (prajñā).

mahāyāna ("grand véhicule") :
Terme regroupant l'ensemble des écoles nées à partir de l'ère chrétienne et se référant aux textes de la prajñāpāramitā ("la Perfection de Sagesse" - voir prajñā et pāramitā) et à tous ceux qui les suivront ou s'en inspireront. Son idéal est la voie du bodhisattva, aspiration à l'éveil des "buddha parfaitement éveillés" (samyaksambuddha), conçue comme supérieure à la voie des auditeurs (śrāvaka), parce qu'animée par la compassion universelle (karunā) - le "grand véhicule" est celui qui emmène tous les êtres et non le seul individu qui pratique la voie des auditeurs. Elle se caractérise notamment par la pratique des "perfections" (pāramitā).

maitri [mettā] ("bonté toute d'amour") :
L'une des quatre "demeures sublimes" (brahma-vihāra) ; représente le sentiment de sympathie à l'égard de tous les êtres vivants, antidote de la haine et de la peur.

mandala ("cercle") :
Figure géométrique symbolique, représentant le "monde" ou "terre pure" d'un buddha ou d'un grand bodhisattva (voir buddhakśetra), ainsi que sa figuration peinte ou réalisée en sable coloré, qui, dans les écoles du vajrayāna, sert de base aux méditations de "visualisation".

mantra ("formule sacrée") :
Appelée aussi dhārani ou, quand il s'agit d'une seule syllabe, bīja ("germe"), le mantra est un son ou un ensemble de sons conçus comme efficace en eux-mêmes, en dépit du sens littéral qu'ils peuvent avoir. Le mantrayāna (autre appelation du vajrayāna) fonde sa pratique sur la correspondance entre les sons et les divinités ou les phénomènes, qui les représentent, en sont l'essence et permettent donc de les créer ou de les susciter.

moha ("aveuglement") :`
L'un des "trois poisons" (voir mūla) à l'origine du karma ; souvent synonyme d'ignorance (avidyā). C'est sa destruction définitive qui provoque l'éveil (bodhi) et la libération définitive du saṃsāra.

muditā ("joie altruiste") :
L'une des quatre "demeures sublimes" (brahma-vihāra) ; représente le sentiment de sympathie éprouvée à l'occasion du bonheur d'autrui, antidote de la jalousie et du mécontentement.

mudrā ("sceau") :
Geste symbolique, le mudrā correspond au niveau du corps, dans les pratiques tantriques, à ce qu'est le mantra au niveau de la parole.

mūla ("racine") :
Les "racines" ou "causes" sont les conditions qui déterminent la qualité morale d'un acte volitionnel (cetanā), la conscience et les facteurs mentaux qui lui sont associés, donc la qualité du karma. Il existe six racines : trois karmiquement mauvaises (les "Trois poisons" : la convoitise, lobha, la haine, dveṣa, et l'égarement, moha) et trois karmiquement bonnes (les opposés : alobha, adosa et amoha).

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- N -

nāma ("nom") :
Désigne l'esprit dans ses fonctions, tout ce qui relève du mental et de l'intellect, "ce qui nomme" les choses et les conçoit sous la forme d'un Soi (ātman). Le terme regroupe les quatre agrégats (skandha) qui ne relèvent pas de la matière (rūpa) : sensations, perceptions, formations mentales et consciences. Composé avec le terme rūpa (nāma-rūpa), il désigne l'ensemble des cinq agrégats et le quatrième maillon de la chaîne de production conditionnée (pratītyasamutpāda).

nirmānakāya ("corps d'apparition") :
Pour les écoles du mahāyāna, désigne le "corps" par lequel se manifeste le dharmakāya pour délivrer la Doctrine aux hommes (par exemple Gautama Sakyamuni). Simple "apparence" liée au monde des phénomènes (saṃsāra), c'est ce nirmānakāya qui disparaît au moment de l'extinction finale (parinirvāṇa) du Buddha, comme "subterfuge" utilisé pour inciter les hommes à oeuvrer pour leur Délivrance.

nirvāṇa [nibbāna] ("extinction") :
Etymologiquement, le nirvāṇa est l' "extinction" d'une flamme par suite de l'épuisement de son combustible. Dans la doctrine bouddhiste, il désigne l'extinction de duhkha par "épuisement" de l'ignorance et de l'attachement qui conditionnent duhkha à travers l'idée de Soi (ātman). Il constitue le but suprême et ultime de la voie bouddhique. C'est l'extinction des "souillures" que sont la convoitise, la haine et l'égarement (les "trois poisons" - voir mūla) .
Les écoles anciennes distinguent deux nirvāṇa : celui atteint par l'arhat pendant cette vie ("avec résidus"), lorsque demeurent certains agrégats (skhanda), et le "nirvāṇa complet" (parinirvāṇa), à la mort biologique, quand plus aucun agrégat d'attachement ne "perpétue" le processus physico-mental de l'existence.
Les écoles du mahāyāna s'appuieront sur l'idée de vacuité de tous les phénomènes (śunyatā) pour établir une "équivalence" entre saṃsāra et nirvāṇa, la distinction s'établissant sur la "vue" (juste ou erronée) des choses, selon le principe des deux Réalités (conventionnelle ou ultime).

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- P -

pāramitā [pāramī] ("perfections") :
Les qualités développées par le bodhisattva, durant de multiples kalpa, avant d'atteindre l'éveil. Les écoles du mahāyāna en distinguent généralement six - le don (dāna), la moralité (śīla), la patience (kṣānti), l'énergie (vīrya), l'absorption (dhyāna) et la sagesse (prajñā).
Deux oeuvres tardives du canon pāli, de leur côté, évoquent dix pāramī correspondant à cinq des six pāramitā (ne figure pas dhyāna), auxquelles s'ajoutent le renoncement (nekkhamma), la vérité (sacca), la résolution (adhitthāna), l'amour (mettā) et l'équanimité (upekkhā).

parinirvāṇa [parinibbāna] ("extinction parfaite") :
Le nirvāṇa "absolu", complet, "sans résidus", l'extinction définitive des buddha lors de la dissolution du corps physique, à la mort biologique.

prajñā [paññā] ("sagesse") :
Connaissance ou intelligence non conceptuelle (dite parfois "sagesse transcendante" ou "sapience") ayant directement accès aux choses "telles qu'elles sont". C'est le développement de prajñā qui met fin à l'ignorance (avidyā) et mène à la réalisation de l'éveil et du nirvāṇa. Elle consiste en la compréhension profonde et vécue des trois caractéristiques du saṃsāra (impermanence, insatisfaction et non-Soi). Désigne aussi la troisième section de l'Octuple Noble Sentier (voir śīla et samādhi), comprenant la pensée juste (pensée de renoncement, de détachement non égoïste, d'amour et de non-violence) et la compréhension juste (prajñā au sens strict).

pratyekabuddha : voir buddha

pratītyasamutpāda [paticcasamuppāda] ("origine conditionnée") :
Exposé systématique, le plus souvent en douze termes, de l'origine conditionnée du Soi (écoles anciennes) et des phénomènes (écoles du mahāyāna). C'est à partir de l'origine conditionnée - le coeur de l'enseignement bouddhiste - que se déduit l'inexistence du Soi (anātman). Elle montre, dans un sens, comment les phénomènes se conditionnent mutuellement au sein du saṃsāra et, dans l'autre sens, comment parvenir à y mettre fin.
Les douze "maillons" de cette chaîne s'étendent sur le passé, le présent et l'avenir, et voient se succéder des temps de formation de karma suivis de temps de renaissance. Le premier terme est l'ignorance (avidyā) ; celle-ci conditionne les formations mentales (saṃskāra) d'où proviennent les éléments constituants le Soi (nāma-rūpa et les cinq agrégats, skandha) ; de la croyance au Soi découlent le désir (trsnā), l'attachement et le processus du devenir produisant de nouveaux karma, eux-mêmes causes de renaissance, vieillesse et mort, tous phénomènes marqués du sceau de duhkha.

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- R / S -

rūpa ("matière") :
Tout ce qui relève de la matière formée des quatre éléments (terre, air, eau, feu), les objets physiques, ce qui entre en contact avec les sens (voir nāma).

sādhana ("moyens d'accomplissement") :
Pratiques méditatives propres au vajrayāna.

śamatha [samatha] ("calme") :
L'une des pratiques méditatives les plus importantes, permettant de fixer l'esprit et de le calmer (parfois synonyme de samādhi). Ṥamatha, cependant, ne suffit pas pour atteindre l'Eveil et se libérer définitivement de la souffrance.

samaya ("lien sacré") :
Engagement mutuel, dans les écoles vajrayāna, entre le maître (vajrācarya) et son disciple.

samādhi ("concentration") :
Etat de concentration mentale, samādhi représente aussi la deuxième section de l'Octuple Noble Sentier (voir śīla et prajñā), comprenant l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste (dhyāna).

sambhogakāya ("corps de jouissance") :
Pour les écoles du mahāyāna, désigne le "corps" par lequel se manifeste le dharmakāya pour enseigner le Dharma aux bodhisattva. Corps "mystique" et rayonnant, c'est par lui qu'on été délivrés les enseignements recueillis dans les principaux "nouveaux" sūtra du mahāyāna.

saṃsāra ("perpétuelle errance") :
Cycle sans fin des renaissances, dénué de finalité, dans lequel tout individu erre à travers les "six états d'existence" - du plus élevé au plus bas : deva, asura (être intermédiaire entre homme et deva, orgueilleux, violents, avides de pouvoir), hommes, animaux, preta ("trépassés" : fantômes, êtres au corps "subtil" perpétuellement affamés) et enfers (niraya) - et les trois mondes - monde du désir des sens (celui des six états d'existence), monde de la forme pure (accessibles aux êtres proches de l'état d'arhat et aux grands bodhisattva, appelés "sans retour", ou liés aux états réalisés en dhyāna, ou encore demeure des Dieux les plus "haut" placés, comme Mahā-Brahma) et le monde sans forme (lieu de renaissances purement mentales).

saṃskāra [saṅkhāra] ("formations") :
Quatrième des cinq agrégats (skandha), désigne l'action ou le résultat de toute volition consciente et karmiquement active (le mot est composé de "sam", équivalent du "syn" grec = avec, ensemble ; et de la racine *k = fabriquer, créer). Appelé parfois "tendances fabricatrices" ou "formations mentales", il désigne l'acte karmique, du point de vue du sujet ; appelé parfois "phénomènes conditionnés", il désigne tout phénomène du saṃsāra, pris comme objet. Il constitue le deuxième maillon de la production conditionnée (pratītyasamutpāda).

samyaksambuddha : voir buddha

samjñā [saññā] ("cognition") :
Troisième des cinq agrégats (skandha), désigne la faculté de reconnaissance et de classement des phénomènes et des expériences vécues. C'est elle qui donne un nom à ce dont la conscience est consciente.

saṅgha ("assemblée") :
Nom donné aux disciples du Buddha, répartis en quatre groupes : bhikṣu et bhikṣunī ("moines" et "moniales"), upāsaka et upāsikā (laïcs hommes et femmes). Désigne le plus souvent les seuls "renonçants" (bhikṣu).

śaraṇa [saraṇa] ("point d'appui") :
Généralement traduit par "refuge" (notamment dans l'expression "prise de refuges"), il est employé à propos des Trois Joyaux que sont Buddha, Dharma et Saṅgha, qui doivent servir de points d'appui, de références et d'exemples dans la conduite de sa vie, selon les enseignements bouddhistes.

śunyatā [suññatā] ("vide") :
Manifeste le caractère illusoire de l'idée de soi (ātman), du point de vue de la Réalité absolue ou ultime, et son caractère conditionné en relation avec les cinq agrégats (skandha), du point de vue de la Réalité relative ou conditionnée.
Le concept de "vacuité" sera particulièrement développé par les écoles du mahāyāna et, notamment, appliqué à l'ensemble des phénomènes (et non seulement à l'idée de Soi, comme dans les écoles anciennes). C'est cette vacuité des phénomènes qui rend possible l'idée d'une "équivalence" du saṃsāra et du nirvāṇa, essentielle dans l'enseignement du mahāyāna.

śīla [sīla] ("vertu", "moralité") :
Principes éthiques de la vie bouddhiste, śīla reprend trois des huit pratiques de l'Octuple Noble Sentier (parole juste, action juste, moyens d'existence juste). Elle est notamment représentée par les "cinq préceptes" : s'abstenir de nuire aux êtres vivants, de prendre ce qui n'a pas été donné, d'inconduite sexuelle, de paroles blessantes, inutiles ou frivoles, de consommation d'intoxicants.
Certaines écoles mahāyānistes y ajoutent les cinq préceptes suivants : ne pas critiquer les autres, ne pas faire son propre éloge et insulter les autres, ne pas donner avec parcomnie ou réticence (le Dharma ou des biens matériels), ne pas se mettre en colère, ne pas diffamer les Trois Joyaux.

skandha [khandha] ("groupe") :
Désigne les cinq aspects sous lesquels se présentent tous les phénomènes mentaux ou physiques, apparaissant à celui qu'aveugle l'ignorance comme étant un Soi (ātman). Appelés aussi "agrégats" d'attachement (parce qu'ils donnent lieu à une identification en tant que "soi"), ils regroupent la matière (rūpa), les sensations (vedanā), les perceptions (samjñā), les formations (saṃskāra) et les consciences (vijñanā).

śrāvaka [sāvaka] ("auditeur") :
Disciple du Buddha, qui écoute les enseignements. Au sens restreint, désigne les arhat ou śrāvakabuddha.

sthavira [thera] ("ancien") :
Titre monastique accordé à un bhikṣu ayant reçu l'ordination complète depuis au moins dix ans, ou employé de manière honorifique.
Le terme est surtout connu pour son emploi dans le nom de l'école indienne Sthaviravāda ("école des Anciens") lors du premier schisme de l'histoire du bouddhisme, qui en langue pālie, à Ceylan, s'appellera Theravāda.

sūtra [sutta] ("fil") :
Ensemble des textes présentant les discours d'enseignement du Buddha, regroupés dans la deuxième "corbeille" (voir tripiṭaka) du canon. Les sūtra spécifiques du mahāyāna ne sont pas reconnus comme "paroles du Buddha" par les écoles anciennes.

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- T -

tantra ("chaîne d'un tissu") :
Ensemble de textes présentant les pratiques particulières au vajrayāna. Les tantra constituent une "corbeille" (piṭaka) spécifique, à côté des sūtra, car il sont dits avoir été enseignés par le Buddha ou des bodhisattva, le plus souvent dans des conditions secrètes, à des pratiquants avancés du mahāyāna (mahā-siddha, "Grands Accomplis").

tathāgata ("ainsi allé") :
Un des principaux titres du Buddha, par lequel lui-même se désigne. Son sens est très incertain : qui agit ainsi qu'il dit, qui s'en est allé ainsi (au-delà du saṃsāra), qui est venu ainsi (pour sauver l'humanité)...

tathāgatagarbha ("embryon de Tathāgata") :
Concept du mahāyāna présentant l'idée qu'il existe en chaque être un "embryon de buddha" (ou une "nature de buddha"), rendu invisible par les souillures dues à l'ignorance, qu'il convient de développer et de réaliser.

tathātā ("ainséité") :
Caractère des choses "telles qu'elles sont", "ainsi".

tripiṭaka ("corbeille") :
Désigne l'ensemble des écritures boudhiques dont les manuscrits sur feuille de palmier auraient été rangés dans trois (tri) corbeilles (piṭaka) : le vinayapiṭaka (corbeille de la discipline monastique, du Saṅgha au sens restreint), le sūtrapiṭaka (corbeille des discours du Buddha) et l'abhidharmapiṭaka (corbeille des commentaires sur le Dharma).

tṛṣṇā [taṇhā] ("soif") :
Le désir, principale racine de la souffrance (duhkha). On distingue la soif du désir sensuel, la soif d'existence et la soif de non-existence ou auto-annihilation.. C'est le huitième maillon de la production conditionnée (pratītyasamutpāda). Souvent synonyme de lobha.

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- U / V / Y -

upāya ("moyens habiles") :
Terme par lequel on désigne, dans les écoles du mahāyāna, les actions des bodhisattva qui, bien qu'ayant la connaissance profonde (prajñā) de la vacuité des phénomènes, n'en agissent pas moins dans le monde du saṃsāra, par compassion (karunā) pour tous les êtres.

upekkhā ("équanimité") :
L'une des quatre "demeures sublimes" (brahma-vihāra) ; sérénité imperturbable et équanime envers les êtres, équilibrant le souci du bonheur d'autrui avec la connaissance du caractère douloureux (duhkha) de l'existence ; antidote de la partialité et de l'attachement.

vajrācarya ("maître de vajra") :
Maître dirigeant la pratique d'un disciple dans les écoles du vajrayāna.

vajrayāna ("véhicule de diamant/foudre") :
Nom sous lequel on désigne la branche du mahāyāna s'inspirant des tantra. Le vajra - à la fois diamant et foudre