Numéro spécial : La co-production conditionnée

  • selon le bouddhisme ancien
    (avec la traduction de deux sutta)
         Dominique Trotignon
  • selon l'école chinoise Huayen
         Paul Magnin
  • selon le Mahāyāna indo-tibétain
         Stéphane Arguillère
  • réception et interprétation en Occident
         Françoise Bonardel

 

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Présentation des articles

La co-production conditionnée : pratītya-sam-utpada 

selon le bouddhisme ancien
Dominique Trotignon  

Considérée comme le coeur de la doctrine bouddhique et son élément le plus original, la «co-production conditionnée» a pourtant connu une lente élaboration avant d'être formalisée, comme nous la connaissons aujourd'hui, sous la forme d'une chaîne de douze maillons. Simple développement, au départ, de la Deuxième Noble Vérité sur l'origine du mal-être (dukkha), la co-production conditionnée en vint à être employée pour expliquer l'apparition de tous les phénomènes du samsâra - sous sa forme «mondaine» - mais aussi les différentes étapes du cheminement jusqu'à l'Eveil - sous sa forme «supra-mondaine», beaucoup moins connue - avant d'être utilisée plus particulièrement pour expliquer le cycle des existences successives.

selon l'école chinoise Huayen
Paul Magnin  

Héritière de la dialectique du Mâdhyamaka, l'école chinoise du Tiantai introduit la notion de Triple vérité : vacuité, impermanence et voie moyenne, cette dernière étant un dépassement des deux premières, ce qui conduit à l'intuition des « trois mille dharma en un seul instant de pensée ». Le courant du Huayen élargit la réflexion en éclairant les liens entre les phénomènes et les particuliers, identiques à l'universel, et l'illustre notamment par l'image du «Lion d'or».

selon le Mahâyâna indo-tibétain
Stéphane Arguillère   

Dans le Mahâyâna indien, la co-production conditionnée est élaborée en deux sens opposés. Le Cittamâtra est centré sur l'auto-production de l'esprit ; le dispositif peu homogène des douze maillons y est ramené à l'agencement plus logique des huit consciences et des quatre conditions. Mais dans le Madhyamaka, liée à la vacuité, elle n'est plus tant production réelle que relativité des apparences ; la belle construction rationnelle laisse place à la destruction de toute prise conceptuelle. On verra ce qu'il en advient au Tibet.

réception et interprétation en Occident
Françoise Bonardel

Notion incontournable dans les différentes écoles bouddhiques, la «co-production conditionnée» désigne-t-elle un enchaînement du même ordre que ce que sciences et philosophies nomment, en Occident, causalité ou déterminisme ? Car s'il s'agit bien, dans l'un et l'autre contexte, de liens de cause à effet régissant le monde des phénomènes, les implications spirituelles n'en sont pas les mêmes selon qu'on en dévoile la logique à des fins libératrices ou simplement cognitives. L'interdépendance - celle des douzes facteurs formant la roue des existences en particulier - n'est-elle donc qu'une incitation à la solidarité universelle, comme on le dit fréquemment aujourd'hui ?