• La rencontre entre bouddhisme et nihilisme dans la pensée de Nietzsche
         Françoise Bonardel
  • L'altérité homme/Dieu confrontée à la vision bouddhique
         Paul Magnin
  • Bouddhisme et végétarisme : du temps des ascètes à l'époque contemporaine
         Dominique Trotignon
  • Le Tibet comme utopie et achronie : territoires de la connaissance et études bouddhiques
         Lionel Obadia
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Présentation des articles

La rencontre entre bouddhisme et nihilisme dans la pensée de Nietzsche
Françoise Bonardel

De tous les philosophes qui se sont au XIXe siècle intéressé au bouddhisme, Schopenhauer (1788-1860) passe communément pour celui qui a le mieux compris la nature du « pessimisme » bouddhique. Or, en dépit de la vive sympathie pour l’enseignement du Bouddha affichée par l’auteur du Monde comme volonté et comme représentation, c’est Nietzsche (1844-1900) qu’il faut créditer des intuitions les plus profondes et quasi prophétiques quant à l’impact probable du bouddhisme asiatique sur la culture européenne, minée de l’intérieur par un nihilisme « historial », ultime avatar de l’idéalisme platonicien et du renoncement chrétien. Aucune rencontre durable du bouddhisme et de l’Occident ne peut donc semble-t-il avoir lieu qui ne prenne aujourd’hui au sérieux la possible confusion entre l’anéantissement de toutes les valeurs auquel conduit le nihilisme européen, et l’évacuation de toute substantialité à quoi procède la méditation bouddhique. Apprendre à distinguer entre néant, rien et vacuité ne saurait donc être assimilé à l’une des « questions inutiles » dont se détourna le Bouddha puisqu’il y va de la juste compréhension de l’apophatisme bouddhique et de son rôle éventuel d’antidote au nihilisme, pressenti par Nietzsche.

L'altérité homme/Dieu confrontée à la vision bouddhique
Paul Magnin

On a coutume d'opposer bouddhisme et christianisme quand on traite la question de Dieu. À moins de les dénaturer, ils ne se rencontrent pas sur ce point, abordé dans un sens étroit. Toutefois, l'un et l'autre peuvent non seulement entrer en dialogue mais aussi s'interpeller mutuellement dans leur façon de considérer le rapport entre contingence et transcendance. Un exemple en est donné dans cette étude qui s'appuie sur le Madhyamaka, tel qu'il fut compris par les bouddhistes chinois, pour provoquer les chrétiens à élargir leur conception du rapport entre l'homme et Dieu, entre contingent et absolu.

Bouddhisme et végétarisme : du temps des ascètes à l'époque contemporaine
Dominique Trotignon

La question du végétarisme en bouddhisme a toujours fait débat, y compris au sein de la Communauté bouddhique elle-même... Depuis que l’Occident a découvert à son tour l’enseignement du Buddha, chercheurs et, désormais, adeptes de cette Voie ont tenté, à leur tour, de comprendre pourquoi cette pratique fort souvent préconisée – sinon même, parfois, exigée – est, dans les faits, aussi peu pratiquée. Les arguments des bouddhistes asiatiques sur cette question ont souvent semblé sybillins, voire hypocrites, à ces observateurs venus d’un autre « monde ». En reprenant cette controverse, tout au long de sa longue histoire, nous espérons mettre en lumière les conditions, internes et externes à la Communauté bouddhique, qui ont justifié les préconisations comme les débats, parfois violents, qui ont opposé promoteurs et détracteurs d’un végétarisme absolu. Cette question ne saurait être réellement comprise sans la replacer dans le contexte doctrinal du bouddhisme et de ses notions essentielles : le conditionnement – y compris culturel et sociétal – de tous les phénomènes, la primauté de l’intention et de la motivation sur l’acte lui-même et, aussi, la prise en compte de chaque acte intentionnel au sein d’une même « ligne d’action ». Au final, on se rendra compte qu’il faut distinguer, absolument, le fait de « se nourrir » de celui qui consiste à « se procurer de la nourriture ».

Le Tibet comme utopie et achronie :
territoires de la connaissance et études bouddhiques
Lionel Obadia

Dans l'ensemble des facteurs qui façonnent la connaissance des traditions bouddhistes, les représentations géographiques des contrées de l'Asie apparaissent toujours plus centrales.
Le cas du Tibet illustre dans ce présent article, le rôle, ambivalent et complexe, de la localisation du Toit du monde dans une géographie morale, construite dans le cadre de l'imagination orientaliste, et des conditions de connaissance de ses religions. Il explore les modalités de fabrique d'un Tibet d'autant plus ambigu qu'il est moulé dans deux régimes d'historicité : le traditionalisme et le modernisme, et quelques conséquences observables dans les appropriations et réinventions dont le bouddhisme mahayana fait actuellement l'objet.