Sangharakshita, né Dennis Lingwood à Londres en 1925, est décédé le 30 octobre 2018 à Hereford, en Angleterre. Enseignant bouddhiste parfois controversé, Sangharakshita a contribué, en Inde, dans les années 50, à l’instauration du bouddhisme ambedkarite, qui compte aujourd’hui des millions de fidèles et, en Angleterre, a fondé les Amis de l'Ordre Bouddhiste Occidental (AOBO) – devenue aujourd’hui la Communauté Triratna – l’un des courants bouddhistes occidentaux les plus populaires en Angleterre.
Après avoir servi en Asie comme militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, il y demeura pendant vingt ans pour étudier le bouddhisme et reçut alors le nom de Sangharakshita. Après avoir étudié auprès de maîtres du Theravāda, il se consacra davantage au bouddhisme tibétain et étudia avec des lamas comme Dhardo Rinpoché, Jamyang Khyentse, Dudjom Rinpoché et Dilgo Khyentse Rinpoche, qui vivaient en Inde, après l'occupation chinoise du Tibet.
En 1952, Sangharakshita rencontra le docteur Ambedkar, l’un des rédacteurs de la constitution indienne et ministre au sein du premier gouvernement de l'Inde indépendante. Né « intouchable », Ambedkar était membre de la caste sociale indienne la plus basse. Avec l'aide de Sangharakshita, Ambedkar a lancé un mouvement massif visant à convertir les intouchables indiens de l'hindouisme au bouddhisme. Le 14 octobre 1956, Ambedkar se convertit au bouddhisme, lors d’une cérémonie publique, avec 380.000 autres intouchables. Il mourut six semaines plus tard. Sangharakshita aida le mouvement bouddhiste ambedkarite naissant à se perpétuer, passant la majeure partie de son temps à enseigner aux anciens intouchables. Depuis sa fondation, des millions d'intouchables ont adopté le bouddhisme Ambedkarite.
Sangharakshita revient en Angleterre en 1964 et, en 1967, il y fonde sa propre communauté, les Amis de l'Ordre Bouddhiste Occidental (AOBO). La communauté connaît alors un grand succès. L'AOBO n'est reliée à aucune lignée bouddhiste « traditionnelle » et Sangharakshita choisit d’enseigner les idées traditionnelles du bouddhisme dans un style résolument occidental, qui séduit les jeunes Britanniques de la contre-culture des années soixante. L'organisation, très active, a réussi à intéresser au bouddhisme un nombre significatif de Britanniques et s’est rapidement développée.
Dans les années 1990, Sangharakshita a pris sa retraite et a finalement démissionné de son poste de dirigeant, tout en restant la figure la plus en vue de l'organisation. En 2010, l'organisation a changé de nom et s'appelle désormais Communauté bouddhiste Triratna et Ordre bouddhiste Triratna. En 2017, Triratna était présente sur les cinq continents, avec plus de 120 centres dans 29 pays, dont 30% en Inde.
Sangharakshita était un enseignant controversé, critiqué à plusieurs reprises pour son rejet des lignées bouddhistes traditionnelles, le traitement réservé à ses étudiants, ainsi que pour son comportement sexuel présumé et son traitement sexiste des femmes. Des allégations d’abus sexuel ont régulièrement eu lieu, jusqu'en 2017.
Selon la déclaration officielle de la Communauté Triratna, Sangharakshita avait été récemment diagnostiqué pour une pneumonie et une septicémie, causes de son décès. Triratna a créé un espace commémoratif sur son site Internet, qui inclura des détails sur ses prochaines funérailles.
Source : Lion's Roar, article de Sam Littlefair (30/10/2018)
Crédit photo : Triratna / facebook.com
Le site Internet de la Communauté Triratna de Paris