Le vaste programme de promotion des « Nouvelles routes de la Soie » passe aussi par des investissements majeurs dans les plus grands sites de pèlerinage bouddhiste tandis qu'une guerre contre toutes les croyances religieuses - bouddhiste, chrétienne, taoïste... - s'intensifie en Chine même et rappelle la Révolution culturelle. De nombreux temples ont été fermés ou détruits, des statues religieuses ont été démolies, les temples et églises sont réquisitionnés pour servir de salles de spectacles culturels promouvant les « valeurs fondamentales du socialisme » en lieu et place des cérémonies religieuses habituelles. Le bouddhisme tibétain, ses pratiquants et ses institutions, sont particulièrement visées...
Pour le fondateur de la Chaire des Études Chinoises Contemporaines de l'Institut Catholique de Paris, Emmanuel Lincot, « l'évocation par Xi Jinping du bouddhisme comme lien mémoriel unissant la Chine à l'Inde [a] eu lieu en mai 2015 lors de la visite du premier ministre Narendra Modi à Xi'an et ce, d'une manière très significative, au pied de la pagode de l'Oie sauvage. Rétrospectivement, c'était, je crois, le prélude à un déploiement des intérêts chinois pour le bouddhisme à l'étranger plus ambitieux encore. C'est une façon de poser aussi des jalons pour préparer in fine des visites de pèlerins chinois et ainsi pour mieux les contrôler. La culture comme la religion, dans cette configuration, sont subordonnées à une stratégie politique globale. Pékin encourage par ailleurs la "nationalisation" des courants religieux d'origine étrangère c'est à dire leur appropriation. L'universitaire Ji Zhe a publié un ouvrage convaincant à ce sujet: "Religion, modernité et temporalité. Une sociologie du bouddhisme Chan contemporain" (CNRS, 2016). » [Interview accordée à Atlantico]
Le site Internet Bitter Winter, magazine en ligne sur la liberté religieuse et les droits humains en Chine, publie régulièrement de nouvelles informations sur les répressions qui frappent les bouddhistes chinois, leurs temples et monuments religieux... et tout particulièrement le bouddhisme tibétain !
Le 19 mars 2019, la succession du XIVe Dalaï-lama a encore fait l'objet d'une mise au point du Gouvernement chinois... Aors que Tenzin Gyatso, actuel tenant du titre, affirmait dans une interview que son successeur pourrait bien naître en Inde, voire que la lignée des Dalaï-lama pourrait même s'éteindre avec lui, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang, rappelait que « L'institution de réincarnation du Dalaï Lama existe depuis plusieurs centaines d'années [et] doit être conforme aux lois et réglementations chinoises et aux rituels religieux et conventions historiques. [...] Le gouvernement chinois a une politique de liberté des croyances religieuses. Nous avons une réglementation des affaires religieuses et une réglementation concernant les réincarnations au sein du bouddhisme tibétain. Nous respectons et protégeons ces pratiques. »
Mais la main-mise de l'administration centrale sur le bouddhisme tibétain ne s'arrête pas aux querelles de reconnaissance des hiérarques : sur le territoire même de la « région autonome », les Tibétains pauvres peuvent perdre leurs terres et leurs allocations de subsistance à moins de cesser de pratiquer le bouddhisme...
Pour en savoir plus...
Sur le site Buddhistdoor (en anglais) : Pékin rejette l’affirmation du Dalaï Lama selon laquelle la prochaine incarnation pourrait naître en Inde
Sur le site Atlantico : Chine : la bataille pour le contrôle de la réincarnation du Dalaï lama approche
Sur le site Bitter Winter :
- La guerre contre le bouddhisme continue de faire rage
- Les autorités recourent à l’aide sociale contre les bouddhistes tibétains
- Le PCC impose des spectacles culturels sur les sites religieux
- Des statues bouddhistes disparaissent à travers toute la Chine
- Chine : les temples sont forcés d’adorer le dirigeant politique Mao Zedong
- Le PCC impose des spectacles culturels sur les sites religieux