Actualités de l'IEB

bouddha

Didier Treutenaere nous entraîne ici dans un passionnant voyage au cœur du Siam, du dix- neuvième au vingtième siècle, à travers l'évocation du grand maître bouddhiste, et en particulier nous fait mesurer les évolutions d'une nation qui a fait du bouddhisme son socle social. Nous vous ferons partager de larges extraits de ce travail de recherche au cours des prochaines newsletters. 

Prologue
Le Siam1, au tournant du siècle dernier, était un pays vert et luxuriant, un pays de rizières aux cours d’eau miroitants encombrés par les barges chargées du riz destiné à la capitale royale. La société était pacifique, le peuple doux, tolérant et profondément enraciné dans l’héritage bouddhiste, pilier de la société siamoise depuis le treizième siècle. À cette époque, le Siam était, matériellement, pauvre. La simplicité matérielle préservait les vertus simples de l’existence. 

Au Siam, l’ordre social reposait sur le foyer, sur les liens familiaux, faits de chaleur et d’obligations entre père et fils, mère et fille, frère et sœur, bien plus proches que tout ami ou relation. Le foyer était le cœur de la société. 

Dans les autres pays, les routes venaient en premier et les maisons étaient ensuite construites le long des routes ; pas au Siam : les maisons venaient en premier et les routes devaient se conformer aux emplacements des maisons. 

Nous avons le plaisir de vous présenter un extrait de l'enseignement de Philippe Cornu à l'IEB, à propos d'un sujet très classique et fondamental dans le bouddhisme, la question des « passions ». Son approche très pédagogique, accessible à tous les lecteurs et étudiants, apporte une force et une vigueur particulière sur un sujet délicat et fort débattu mais pas assez souvent clarifié.

Après avoir traité des onze facteurs vertueux, dont la non-violence, l'antidote de la violence, qui consiste à ne pas brutaliser les êtres animés (et évidemment de ne pas commettre de meurtre), mais ne pas les contraindre non plus, et plutôt de leur montrer de la compassion, le texte nous dit que la compassion empêche la destruction des mérites, la dite destruction des mérites étant le plaisir égotique. En effet la compassion consistant à se mettre à la place de l'autre et prendre sur soi la souffrance d'autrui, c'est à la fois un acte d'amour et de compassion et également quelque chose qui fait accumuler des mérites et une énergie positive sur le chemin. Cette énergie nous permet à la fois d'être en interaction avec les êtres et de continuer par la suite quand nous atteindrons la bouddhéité l’œuvre de grande compassion.

conference d Brohon

 Damien, vous êtes professeur agrégé d’Arts Plastiques, vous enseignez au lycée l’Histoire des Arts et les Arts Plastiques en région parisienne, et vous allez donner à l'IEB un enseignement le 27 janvier sur L'art de l'Avatamsaka Sutra. Pourriez-vous nous dire pour commencer comment, dans quelles circonstances, vous vous êtes intéressé à l'art bouddhique?

Tout naturellement dans le cadre de la découverte du bouddhisme, il y trente ans environ. C'est en visitant le Musée Guimet à Paris, devant les bouddhas d'Angkor, les thangkas tibétaines ou l'art du zen, que j'ai vraiment perçu cet art comme une expression sensible du Bouddhadharma. Le visage du Bouddha, tel qu’il est figuré au travers de ces différentes traditions artistiques, est un miroir de notre vraie nature. Le contempler c’est plonger le regard dans ce qui est le plus intimement nôtre et ne cesse, pourtant, de nous échapper.

Nagarjuna

Nāgārjuna est situé au IIIe siècle de notre ère ; auteur des Stances du milieu par excellence (Madhyamaka-kārikās) et d’une douzaine d’autres œuvres authentiques préservées, il est regardé comme le fondateur de l’École dite du Milieu.

C’est un auteur central dans le bouddhisme, d’abord en rapport avec sa revendication du terme de « voie du milieu » dans un sens nouveau : chez lui, la voie médiane consiste dans l’unité de la coproduction conditionnée et de la vacuité (śūnyatā), laquelle est une réélaboration de l’idée – aussi ancienne que le bouddhisme lui-même – de non-soi. La différence fondamentale entre le non-soi des écoles anciennes et la vacuité de Nāgārjuna, c’est que, dans les premières, on se borne à constater l’absence du « soi » surimposé à une « base de désignation » (les cinq agrégats, etc.), dont les micro-éléments, en dernière analyse, sont réels (quoiqu’instantanés et interdépendants) – tandis que chez Nāgārjuna, il n’y a, en dernière analyse aucune base réelle : la vacuité, c’est le caractère introuvable, à l’examen, de la prétendue nature propre de toute chose (et non seulement de fictions brodées sur un canevas qui, lui, serait vraiment réel).

Sa pensée est centrale aussi comme point de bascule entre les écoles du bouddhisme ancien et le Mahāyāna en pleine constitution à son époque. Le rayonnement de son œuvre a été immense, à la fois dans le « monde sinisé » (Chine, Corée, Japon), et aussi là où le bouddhisme dépend du modèle tibétain (Tibet au sens large, Mongolie au sens large).

Mais nous avons, aujourd’hui à l’IEB, une autre raison, plus circonstancielle, de consacrer notre attention à Nāgārjuna : en effet, les programmes de philosophie de classe de terminale ont été modifiés à la rentrée 2020, avec entre autres choses l’entrée de quatre auteurs des « philosophies d’ailleurs », dont Nāgārjuna. C’est cela aussi qui nous a décidé à lui consacrer une « année Nāgārjuna » avec toute une série de conférences animées non seulement par les intervenants habituels de l’IEB, mais aussi par des philosophes comme Frédéric Nef et Natalie Depraz.

Stéphane Arguillère, Conseiller Pédagogique

Découvrir le cycle de cours dédié à Nāgārjuna 


Les cours reprendront le lundi 15 octobre 2018

Les inscriptions débutent le mercredi 12 septembre 2018

Elles s’effectuent désormais en priorité sur notre site Internet.