Le canon pâli est l’ensemble des écritures sacrées de l’école bouddhiste Theravâda. C’est le plus ancien canon complet qui ait été conservé jusqu’à nos jours, de l’immense littérature des écoles bouddhistes indiennes. De plus, selon la tradition, il est aussi le premier à avoir été mis par écrit, dans l’île de Ceylan, aux alentours de l’ère chrétienne.
Cela dit, sa première édition imprimée ne date pourtant que de 1900, après avoir été, durant plus de 2000 ans, conservé sous forme de manuscrits sur feuilles de palmes – dont le plus ancien exemplaire conservé date du XVe siècle –, eux-mêmes rédigés sur la base d’une transmission orale qui remonterait aux enseignements même du Bouddha historique, Gotama.

D’un point de vue strictement scientifique, on ne peut toutefois pas le considérer comme un ensemble scripturaire reproduisant fidèlement l’enseignement du Bouddha historique, bien qu’il en soit le plus ancien témoignage connu.

De nombreuses études philologiques (étude comparée et historique de la langue et du vocabulaire) ont montré qu’il était composé d’un ensemble de textes d’époque et d’origine assez variées. On a bien tenté de déterminer quelles pouvaient en être les parties les plus anciennes et les plus récentes, mais sans parvenir cependant à un accord général des spécialistes !
Tout au plus peut-on affirmer qu’un noyau (difficile, d’ailleurs, à déterminer) doit constituer un ensemble commun aux écoles les plus anciennes du bouddhisme indien, tel qu’il a été transmis, oralement, dans l’ensemble de la communauté originelle, avant que plusieurs schismes ne donnent naissance à différents courants. En effet, les controverses qui alimentèrent les débats entre les écoles anciennes s’appuient sur un ensemble de notions et font référence à des textes qui figurent dans les parties considérées comme les plus anciennes du canon pâli.
Mais l’ensemble de cette littérature, telle qu’elle se présente aujourd’hui, en langue pâli, constitue avant tout le canon d’une école bien particulière, celle du Theravâda de Ceylan.

Le pâli : langue ou texte ?

Le nom même de « pâli », qu’on accole à ce canon, pose lui-même quelques problèmes...
Il est généralement employé, aujourd’hui, comme appellation de la langue dans laquelle est rédigé le canon theravadin. Cette langue est ce qu’on appelle un « prakrit », une des très nombreuses langues parlées en Inde (plus d’une centaine…), par opposition au « sanskrit », la langue littéraire et religieuse, sacrée, des brahmanes. Or, dans cette langue « prakrit », « pâli » est en fait un terme voulant dire « texte sacré »… autrement dit « canon » ! Lorsqu’on parle du « canon pâli », on ne fait donc que répéter deux fois le même terme dans deux langues différentes : française et indienne ! Il faudrait parler du « Pâli » (= canon), tout simplement, par opposition à d’autres textes rédigés dans la même langue indienne, profanes ou littéraires.

D’autre part, l’origine même de ce « prakrit » fait débat... Les Theravadin considèrent qu'il s'agit du « magadhi » : la langue qu’on parlait dans la région du Magadha, où le Bouddha résida souvent et dans laquelle il se serait donc exprimé lui-même. Mais, pour les spécialistes, la langue du Pâli est en fait un amalgame de plusieurs langues et dialectes différents... comme si l'on avait voulu unifier plusieurs « prakrits ». Et si le « magadhi » y figure bien, en effet, c'est seulement sous forme de traces, comme des archaïsmes ! En fait, on note surtout des particularismes d'un « prakrit » spécifique, parlé dans une région située sur la côte ouest de l’Inde, l’Avanti, qui fut la base de départ des missionnaires ayant transmis le bouddhisme à Ceylan.

Le canon Pâli, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est en fait une compilation de textes d’origines et d’époques variées : certains sont vraisemblablement issus de la plus ancienne tradition orale de transmission, en « magadhi » ; d’autres ont connu des ajouts ou des corrections dans la région de l’Avanti ; les plus récents, enfin, ont été fixés à Ceylan même, dans une langue devenue « sacrée » - qui ressemblait au « latin d’église » de l’époque médiévale occidentale...
Si certains textes de ce canon, les plus anciens, peuvent être datés de l’époque de la toute première communauté bouddhique – du IVe siècle avant J.-C. –, un certain nombre d’entre eux sont beaucoup plus récents... Et l'on sait que des corrections ont ensuite été apportées, pendant plusieurs siècles, en Inde puis à Ceylan. La fixation du canon-Pâli, dans sa forme définitive actuelle, s'est en fait étalée sur presque un millénaire... jusqu'à l’époque d’un important concile réuni pour le « réviser », au IVe siècle de notre ère, à Ceylan !

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Le canon-Pâli transmet-il les enseignements du Bouddha historique ?

Tradition bouddhiste theravadine et recherche scientifique occidentale se démarquent nettement quant à la fidélité du canon-Pâli par rapport aux enseignements du Bouddha historique...

Pour l’école Theravâda, le canon reproduit fidèlement les enseignements du Bouddha, tels qu’ils ont été récitées lors du premier concile de la communauté, quelques semaines après la disparition du Maître. Lors de cette assemblée, plusieurs centaines de disciples, tous parvenus à la Libération – des arahant – auraient approuvé la récitation de deux disciples dont on avait sollicité la mémoire : Ananda aurait rapporté les enseignements doctrinaux, Upali les enseignements disciplinaires, donnant ainsi naissance aux deux premiers ensembles du canon : le Sutta-pitaka ou « Collection des enseignements » et le Vinaya-pitaka ou « Collection de la discipline ». Le troisième ensemble, Abhidhamma-pitaka ou « Collection des enseignements supérieurs », aurait été fixé plusieurs siècles plus tard, durant le règne du roi Asoka, lors d’un autre concile réuni pour régler des débats internes à la communauté : il serait l’œuvre du bhikkhu Moggallana-Tissa, mais celui-ci n’aurait fait que rappeler l’orthodoxie transmise oralement quasiment depuis l’origine, puisque les premiers textes de l’Abhiddhamma seraient l’œuvre de Sariputta, l’un des principaux disciples directs du Bouddha.

La vision des scientifiques est, on s’en doute, très différente... Aucun membre de la communauté scientifique, aujourd’hui, ne croit à la réalité historique du premier concile – en tout cas dans son rôle de fixation de l’ensemble des deux premières Collections ! Que les disciples directs du Bouddha aient ressenti la nécessité de se réunir et de débattre ensemble du contenu essentiel de l’enseignement de leur Maître, oui… mais les récits de ce concile – dont on a de très nombreuses versions, fort différentes selon les écoles – sont beaucoup trop divergents, y compris sur des points fondamentaux, pour qu’il s’agisse d’un souvenir historique réel ! En fait, chaque école donne sa version du concile, qui correspond à sa version du canon – certains affirmant, par exemple, que leur troisième Collection, l’Abhidharma, a été récitée elle aussi, entièrement, lors de ce premier concile !

Du point de vue des études comparatives et philologiques il ressort qu’il a dû exister un premier fonds commun d’enseignements, à la fois doctrinaux et disciplinaires (appelé Dhamma-Vinaya), contenant des formulations très vraisemblablement issues de la bouche même du Bouddha (celui-ci enseigna durant plusieurs décennies et il est tout à fait envisageable qu’il fixa lui-même quelques formulations-types) ou de ses principaux disciples directs... Mais très vite, avec l’expansion de la communauté hors du bassin moyen du Gange – où vécut le Bouddha –, des différences se font jour entre plusieurs courants, avec, notamment, une opposition assez claire entre les moines « résidents » dans les grandes villes du bassin du Gange et les moines « itinérants » dans les nouvelles terres « conquises » plus à l’ouest. Un nouveau pôle s’établit ainsi autour de la ville de Kausambi (où le Bouddha ne s’était jamais rendu), où fleurit un courant qui va prendre son indépendance et qui se caractérise, notamment, par des développements philosophiques que certains finiront par juger hétérodoxes... C’est très vraisemblablement à cette époque que vont se fixer les grands sûtra développés et les premiers Abhidharma. Car des textes aussi célèbres et reconnus que les deux Sermons de Bénarès – qui exposent les Quatre Nobles Vérités et la théorie du « Non-Soi » –, dans leur forme actuelle, n’ont pu être fixés avant au moins un siècle après la disparition du Maître !

Au milieu du IIIe siècle avant notre ère, à l’époque du roi Asoka (environ 150 ans après la disparition du Bouddha), on comptait déjà quatre grands courants distincts au sein de la communauté, chacun disposant de son canon propre, c’est-à-dire : en plus du noyau commun des enseignements Dhamma-Vinaya, d’un ensemble de textes – considérés comme « enseignements du Bouddha » – justifiant ses vues particulières, telles qu’elles seront plus précisément exposées, par la suite, dans un Abhidharma propre à ce courant...
Ces particularismes, tant régionaux qu’idéaux, portent aussi bien sur la doctrine que sur la discipline. On sait que les moines « itinérants » se voulaient plus stricts que n’étaient les « résidents » ; mais, contrairement à ce qui a été longtemps dit, il semble bien qu’ils aient souhaité augmenter le nombre de règles du Vinaya, alors que la tradition (leur tradition…) les montre comme reprochant aux autres de vouloir en diminuer le nombre !
La tradition theravadine de la constitution du canon-Pâli n’est donc représentative que de la seule école Theravâda ! Les autres écoles ont d’autres traditions, différentes, divergentes, voire opposées… et pas moins crédibles – ou pas moins suspectes !

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Dans son édition thaïlandaise du XXe siècle, le Canon-Pâli représente une quarantaine de volumes. Dans cette bibliothèque, la Collection de la Discipline (Vinaya-Pitâka) occupe l'étagère du haut, la Collection des Enseignements (Sutta-Pitâka) les deux étagères du milieu, et la Collection de l'Enseignement supérieur (Abhidhamma-Pitâka), l'étagère du bas.

 

D’où vient le Canon-Pâli ?

Le canon-Pâli n’est donc pas l’unique et seul fiable témoignage du bouddhisme originel… Il n’est qu’un canon du bouddhisme ancien, parmi d’autres – même si c’est le seul que nous ayons conservé en son entier jusqu’à aujourd’hui ! D’où vient-il ? De l’école Theravâda de Ceylan. Mais il convient de voir, maintenant, d’où cette école le tenait... et ce qu’elle en a fait !

D’après la tradition – du Theravâda... – le bouddhisme fut introduit à Ceylan, aux environs de 250 avant J.-C., par l’un des fils du roi Asoka nommé Mahinda. Fils ou frère... rien n’est sûr ; mais il est dit qu’il était né à Sañchi, aujourd’hui le plus ancien site archéologique bouddhiste de l’Inde, situé près de la côte ouest du sous-continent, au nord-est de Bombay, dans une région, l’Avanti, qui semble avoir accueilli l’enseignement du Bouddha très tôt dans l’histoire – certains textes du Canon-Pâli évoquent même un disciple direct du Bouddha, Mahâ-Kaccana, comme « évangélisateur » de cette région, du vivant même du Bouddha !
Ce qui est sûr – les linguistes l’ont prouvé – c’est que la langue du Pâli comporte bien des particularismes linguistiques de cette région...

Avant de parvenir sur la côte ouest de l’Inde, le bouddhisme avait progressé, petit à petit, au fil des siècles, depuis le bassin du Gange, situé à l’opposé du sous-continent, au nord-est. Il était forcément passé – selon les routes de l’époque – par la région de Kausambi que nous évoquions plus haut… Parmi les caractéristiques du canon-Pâli qui nous en apportent la preuve, l’importance accordée au personnage de Sariputta, l’un des principaux disciples directs du Bouddha, réputé pour sa sagesse, qui sera choisi comme « saint patron » par l’école de Kausambi qui développa la première, semble-t-il, la littérature des Abhidharma… Parmi toutes les sources anciennes que nous ayons, seul le canon-Pâli, en effet, accorde autant d’importance à Sariputta.

Quant à l’école de Kausambi, nous savons qu’elle est issue de ce mouvement des moines « itinérants » et missionnaires, issus de la communauté originelle du bassin du Gange. Plusieurs sources les présentent comme particulièrement rigoristes du point de vue de la discipline, mais passablement innovateurs du point de vue doctrinal – à la limite de l’hétérodoxie ! Du point de vue du Theravâda, ils sont les tenants de la tradition orthodoxe, tant en doctrine qu’en discipline – ce sont les autres qui innovent et mettent en péril la fidélité à l’enseignement du Bouddha... Pour certains historiens, au contraire, ils se présentent comme des réactionnaires du point de vue doctrinal – refusant des développements qui deviennent majoritaires chez les bouddhistes du bassin du Gange – et plus qu’ultra conservateurs du point de vue disciplinaires puisque ce sont eux qui auraient voulu ajouter de nouvelles règles...
Autant dire que nous n’aurons jamais aucune certitude dans ce domaine ! Cela dit, le canon-Pâli – par rapport aux autres traditions anciennes – manifeste bien, d’une part, une grande rigueur disciplinaire et, d’autre part, un traditionalisme certain en matière de doctrine.

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Que devient le canon-Pâli à Ceylan ?

Ce sont donc les enseignements d’un courant bien particulier du bouddhisme ancien que Mahinda introduit à Ceylan… Certes, le canon-Pâli comporte nombre des enseignements communs à l’ensemble des communautés indiennes, mais aussi certains traits spécifiques que les Cinghalais vont amplifier au fil des siècles.

Le « parrainage » de Sariputta – champion de la sagesse et de l’étude qui y conduit – se ressentira notamment lors de la mise par écrit du canon. Lorsque plusieurs décennies de guerres avec les populations dravidiennes du sud de l’Inde eurent considérablement affaibli le royaume de Ceylan, la communauté des moines se retrouva si réduite que l’on craignit de perdre la transmission orale du Pâli, faute d’un nombre suffisant de spécialistes capables de l’apprendre par cœur et de le commenter. On résolut donc de le mettre par écrit… mais on décida aussi de privilégier désormais l’étude de ces textes, au détriment de leur mise en pratique ! Les bouddhistes cinghalais du Ier siècle de notre ère, dans leur grande majorité, abandonnèrent la pratique de la méditation et développèrent une longue tradition d’étude et d’exégèse.
Tous ne furent pas d’accord avec cette décision et un mouvement de « moines de la forêt » continua, malgré tout, de transmettre l’enseignement et la pratique de la méditation – mais il ne s’agissait que d’une minorité ! Dans l’île de Ceylan, l’opposition ancienne entre « résidents » et « itinérants » se mua en une opposition nouvelle entre « citadins » et « forestiers », « étudiants » et « méditants »...

Parmi ces moines « citadins », certains prirent connaissance de nouveaux enseignements transmis en Inde, se réclamant d’un « Grand Véhicule », supérieur à celui suivi par les arahant et menant au plein Eveil des Buddha parfaitement accomplis. Le Grand Véhicule (Mahâyâna) a vraisemblablement pris son essor dans le sud de l’Inde, en pays Andhra, à quelques encablures de l’île de Ceylan – une région dans laquelle se développaient aussi quelques écoles « sœurs » des bouddhistes cinghalais, se référant au même canon-Pâli. On sait, par de nombreuses sources, que le Mahâyâna eut un nombre conséquent de disciples à Ceylan, diffusé dans plusieurs monastères importants de l’île.
La situation, dans l’île, ressemblait à ce qui se produisait en Inde continentale : selon les monastères, des tenants des anciens canons « résistaient », d’autres accueillaient les nouveaux sûtra et les intégraient à leur canon… Les rivalités donnaient naissance à de nouveaux courants, de nouvelles écoles – chacune ajoutant à son canon des textes considérés comme « enseignement du Bouddha » qui permettaient d’étayer leurs nouvelles positions doctrinales.

Le canon-Pâli ne fait pas exception à la règle. Quelques sutta - assez peu nombreux, il faut le dire – présentent notamment la « carrière de bodhisatta » du Bouddha Gotama : son parcours, au fil de ses existences antérieures, durant lequel il se voue à la pratique des « pâramitâ », les « vertus transcendantes » qui feront de lui un Bouddha pleinement éveillé. Ces textes n’appartiennent pas au fond commun ancien, et s'ils sont bien d’origine indienne, ils montrent une évidente évolution par rapport au fonds le plus ancien... et des différences significatives avec des textes équivalents du Mahâyâna. Par exemple le terme même de « bodhisatta », terme particulier au Pâli, langue « prakrit », dont la signification ne correspond pas exactement à celle du terme « bodhisattva » de la langue sanskrite (la traduction du pâli « bodhisatta » en sanskrit donnerait « bodhisakta » et non pas « bodhisattva »)... ce qui permettra aux Cinghalais de développer une conception tout à fait particulière et originale de la Voie du bodhisatta, fort différente de celle qu'on trouve dans les textes du Mahâyâna. Et les Cinghalais, dans leurs exégèse de la Voie du bodhisatta tiendront compte, en plus, de ce qu'en disent les textes du Mahâyâna - pour s'en différencier encore plus nettement !!
La Collection de l’Abhidharma, elle aussi, connut des ajouts nouveaux, qui sont plus aisés à reconnaître : les discussions qui y sont consignées font référence à des écoles nommées, dont on connaît plus ou moins bien l’histoire, la date d’apparition, la doctrine spécifique et les développements...
Au final, l’ensemble de la littérature du Pâli – le canon proprement dit et les commentaires qui l’accompagnent – seront définitivement fixés aux alentours du Ve siècle de notre ère, avec l’œuvre d’un personnage emblématique de cette tradition : Buddhaghosa. Selon la tradition, il aurait compilé – puis détruits... – tous les commentaires plus anciens, d’origine indienne ou cinghalaise, pour rédiger, dans la langue du Pâli, ceux qui, désormais, font autorité pour l’école du Theravâda.

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C'est autour de la capitale d'Anuradhapura que s'établirent les principaux monastères concurrents : le plus ancien, au IIIe s. avant notre ère, le Mahâ-Vihâra (le "Grand Monastère"), siège des traditionalistes fondateurs de l'école Theravâda ; au Ie s. de notre ère, l'Abhayagiri-Vihâra, dont les moines firent bon accueil aux sûtra du Mahâyâna ; et enfin le Jetavana-Vihâra, qui, au Ve s., fut le siège d'une école tantrique...

 

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On l’aura compris, l’histoire ancienne du bouddhisme indien n’est pas moins complexe que celle du christianisme des origines : les courants sont multiples, les tendances divergentes, les traditions nombreuses. Mais alors que l’église chrétienne parviendra assez vite à centraliser son pouvoir et à se doter d’un canon unique – reléguant les « apocryphes » à l’oubli, quasiment jusqu’au XXe siècle ! – les écoles bouddhiques se multiplièrent et leurs traditions divergèrent toujours plus... aussi leurs canons contiennent-ils autant d’apocryphes « officialisés » que de témoignages de leur plus ancienne communauté d’origine.

Le canon-Pâli est certes un outil irremplaçable pour nous permettre d’accéder à ce fond commun (le seul exemple, aussi complet, qui soit parvenu jusqu’à nous), mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il est aussi le canon d’un courant bien particulier, qui se scindera lui-même en plusieurs écoles. Les enseignements qu’il transmet, s’ils puisent tous à la source originelle, montrent aussi des états d’évolution variés, des choix doctrinaux et pratiques particuliers, l’écho de controverses – certaines très anciennes, d’autres plus récentes.
Autant dire qu’un lecteur occidental d’aujourd’hui ne peut se plonger dans la lecture de « morceaux choisis » du canon-Pâli sans risquer de graves contre-sens ou des généralisations trompeuses. Dans ce domaine, la prudence est de rigueur… et la rigueur nécessaire !

 

 

 

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