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Le bouddhisme de la Terre Pure est l'un des courants principaux du Grand Véhicule (Mahayana). Il est particulièrement connu de la plupart des courants bouddhiques d'Extrême-Orient, où il a donné le jour à des écoles spécifiques qui portent son nom.

 

Terminologie

I - Les « terres pures » et la « Terre Pure » (c. jingtu, j. jodo)

C'est l'expression la plus courante dans le bouddhisme sino-japonais pour désigner un « champ de buddha( skt. buddhaksetra, tib. sangs-rgyas kyi zing). Un champ de buddha désigne le champ de rayonnement de la réalisation d'un buddha parfaitement accompli. Tous les buddha, ainsi que les grands bodhisattva, ont une terre pure. Mais en Extrême-Orient, l'expression a fini par s'appliquer à la Terre Pure par excellence, celle du buddha  Amitabha (ou Amitayus) connue sous le nom de « la Bienheureuse » (Sukhavati). Le bouddhisme de la Terre Pure est l'une des formes les plus répandues du bouddhisme au Vietnam, en Chine et au Japon. Le buddha  Amitabha/Amitayus occupe également une place importante dans le bouddhisme tibétain, sous le nom de Opame/Tsepame

  • L' « Amidisme »

En Occident, les diverses écoles sino-japonaises centrées sur la Terre Pure du buddha Amitabha/Amitayus sont souvent désignées par l'appellation globale « amidisme » (plus rarement « amidaïsme ») ; cette appellation vient du nom japonais de ce buddha qui est Amida. Mais cette désignation est à éviter, comme celle de « lamaïsme » pour le bouddhisme tibétain. En effet, elle peut faire croire que l'enseignement de la Terre Pure est extérieur au bouddhisme. On lui préférera donc l'expression « bouddhisme de la Terre Pure », les Japonais utilisant celle de « enseignement de la Terre Pure » (jodo-kyo).

Les « champs de buddha » dans le bouddhisme pali

Dans son Chemin de la purification (Visuddhimagga, XIII , 31) Buddhaghosa (Vème siècle ap. JC) décrit trois sortes de champs de buddha :

1 – le champ de naissance (jatikketam) d'un buddha ; le cadre de son existence, depuis sa naissance jusqu'à son entrée dans le nibbana final. Pratiquement, cela constitue un monde réunissant dix mille univers semblables au nôtre, qui tremble à chacun des grands événements de la vie d'un buddha

2 – le champ d'autorité (anakketam) d'un buddha : l'espace dans lequel agit son enseignement, dont l'étendue est estimée à cent trichiliocosmes (un trichiliocosme =1.0003 petits univers, soit un milliard de petits univers semblables au nôtre.

3 – le champ de connaissances (visayakketam) d'un buddha : le champ d'investigation de son omniscience qui est illimité.

 

II - Les champs de buddha dans le grand véhicule

Selon le grand véhicule, la progression du bodhisattva sur la voie de l'éveil est une conquête sur soi-même, assimilée à l’œuvre d'un prince qui conquiert un territoire pour construire le royaume dont il deviendra le souverain. Le champ d'un buddha y est donc présenté comme son « royaume » (j. kokudo) ou une terre de buddha (butsudo), que le bodhisattva a progressivement construit et orné de ses mérites à travers sa purification des passions : d'où l'expression « terre pure » (jodo). Devenu buddha, il y règne en prêchant le Dharma.

Les buddha obtiennent tous la même réalisation du parfait éveil insurpassable, en raison de leur vœu commun (jap. sogan) de réaliser l'éveil en faveur de tous les êtres (skt. bodhicitta). Mais, au cours de leur carrière de bodhisattva, ils ont produit des vœux particuliers (j.betsugan) afin d'adapter leur réalisation aux besoins circonstanciels des êtres à délivrer. En suivant certaines pratiques, les êtres peuvent y aller naître après leur mort pour y entendre prêcher les différents buddha et bénéficier des qualités respectives de leurs terres.

Outre celle d'Amida, les terres pures les plus connues sont :

-  »La Joie » (skt.abhirati/j. abiradaz), terre du buddha Aksobya (j.ashuku) située à l'est de notre univers, fruit de ses vingt vœux particuliers.

- « Le Béryl » (vaidurya/joruri) terre du buddha Baisajya-guru (j. yakushi) également à l'est de notre univers, fruit de ses douze vœux.       

A noter : la terre du buddha Sakyamuni n'est autre que notre univers « La Peine » (saha/shaba) qui n'est une terre souillée (j edo) que pour les non-éveillés (cf le Sutra de Vimalakirti). Son aspect pur est manifesté dans le Sutra du Lotus (ch.XVI) et elle prend le nom de « Lumière de la Paix Constante » (j. jojakko ); cf le Sutra de la contemplation de Samantabhadra).

 

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Jérôme Ducor, titulaire d'une licence en histoire des religions et d'un doctorat en japonologie à l'Université de Genève, est privat-docent de l'Université de Lausanne et conservateur du département Asie du Musée d'ethnographie de la Ville de Genève. Il a reçu l'ordination et la maîtrise de l'école bouddhique Jōdō-Shinshū ("Ecole Vraie de la Terre Pure") et est responsable du temple Shingyoji de Genève. Il a notamment publié : Shinran. Un réformateur bouddhiste dans le Japon médiéval (Infolio, 2008), Le Sūtra d'Amida prêché par le Buddha (Société Suisse-Asie, Peter Lang, 1998). Il est aussi le responsable du site Internet "Buddhist Resources Links Pitaka".

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