Conférence-débat proposée dans le cadre d'une Journée de fin d'année, le samedi 20 juin 2015, avec Eric Rommeluère.
La méditation de pleine conscience, parfois qualifiée de méditation laïque, connaît un formidable essor depuis quelques années. Il s’agit d’une pratique de santé ou de mieux-être, dont les techniques sont inspirées du Dharma (l’enseignement du Buddha), mais qui s’en détache résolument. L’engouement qu’elle suscite est si puissant qu’il peut corriger les discours et les pratiques des instructeurs bouddhistes qui parlent désormais de méditation comme s’il s’agissait de cette seule pratique de pleine conscience. Il s’agit d’un véritable phénomène de société. La pleine conscience est légitimée par des médecins qui font figure d’autorités sociales, elle est relayée par des prescripteurs sociaux, par les medias qui en vantent les bienfaits, elle est intégrée par l’entreprise. Une question surgit inévitablement : cette nouvelle forme de méditation remplit-elle une fonction sociale ?
La pleine conscience est à l’origine un outil développé et utilisé dans le cadre de programmes paramédicaux par un médecin américain, étudiant du dharma, Jon Kabat-Zinn. Ces protocoles codifiés répondaient implicitement aux normes modernes de la rationalité. Efficaces au moindre coût, ils devaient pouvoir s’appliquer à tous. Du programme au produit, il n’y a qu’un pas. Il a été franchi au début des années 2000, tout d’abord aux États-Unis.
La méditation est désormais vendue comme un produit de consommation courant. Livres et CD inondent le marché. Formatée, elle est nécessairement simple, immédiate, compatible avec toutes les formes du désir, neutre d’un point de vue philosophique ou idéologique. Les programmes, repris tels quels, adaptés, revisités sont désormais proposés aux cadres d’entreprise, aux employés et à tout un chacun. Depuis peu, cette marchandisation de la méditation suscite des interrogations légitimes à la fois des instructeurs de pleine conscience formés par Kabat-Zinn et ses collaborateurs dans le champ de la prise en charge thérapeutique, soucieux de déontologie, mais également des pratiquants du Dharma. Nombre de ceux qui se réjouissaient hier de l’adoption de cet outil sont désormais perplexes devant une industrie qui a pour ainsi dire confisqué le mot de méditation.
Dans cette conférence proposée par l’Institut d’Études Bouddhiques, Éric Rommeluère vous propose de réfléchir à toutes les questions soulevées par le développement de ces nouvelles formes de méditation détachées du Dharma.
Éric Rommeluère est un enseignant bouddhiste formé dans la tradition zen. Il a été ou reste toujours actif au sein de plusieurs organisations bouddhistes nationales ou internationales et collabore régulièrement avec l'Institut d'Études Bouddhiques. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et essais où il explore les enseignements du Buddha, leurs interprétations et leurs adaptations en Occident.